À travers les témoignages, Bpifrance Le Lab aborde les principaux freins identifiés par les chefs d’entreprise lors du passage à l’action et demandons aux dirigeants précurseurs de partager leurs conseils et leur expérience.
Valentin SCHMIDT
Fondateur de Beerserk
Bpifrance Le Lab. Vous souhaitez labeliser Beerserk : quels sont les labels que vous avez identifiés et pour quelles raisons ?
Valentin Schmitt : Il y a deux certifications que je souhaite obtenir car elles répondent à deux besoins différents.
Le Label Agriculture Biologique, qui sert notamment à communiquer sur l’usage de matières premières biologiques lors de la fabrication d’un produit, a aussi l’avantage d’aider dans les démarches d’obtention des Fonds de FEADER (ndr : Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) et à vendre les bières plus facilement dans des circuits comme Biocoop ou des magasins bio. Pour un chiffre d’affaires inférieur à 50 000 euros, cette labélisation coûte environ 800 euros par an, et se fait avec des organismes de certification comme Certipaq. En revanche, ce label n’est pas suffisant pour vérifier la cohérence de l’ensemble de la démarche d’une production artisanale biologique, à mon avis. J’ai donc l’intention d’obtenir un autre label.
L’autre label, est Nature & Progrès. L’intérêt de Nature & Progrès est la procédure de vérification et le réseau d’entreprises qui y participe. La procédure est en effet plus stricte que celle de la certification bio, mais permet d’avoir des retours à 360 degrés. En effet, la vérification est effectuée par trois types d’intervenants : des personnes qui viennent de son propre secteur, des représentants de secteurs différents et des consommateurs. Les objectifs sont plus stricts car il ne s’agit pas seulement d’avoir un niveau de qualité suffisant sur les matières premières mais aussi sur les processus et la démarche de manière globale. On s’engage aussi à visiter d’autres installations et d’autres métiers, ce qui montre les contraintes qu’ont d’autres entreprises, dans une logique d’apprentissage et partage. En revanche, Nature & Progrès est moins stricte sur les énergies employées lors de la production, comme le gaz par exemple.
Pensez-vous qu’avoir axé votre business model sur le respect de l’environnement aura un effet positif sur votre marque et donc sur vos ventes ?
Je n’ai pas déployé toutes ces actions avec une optique purement commerciale, c’était un engagement avant tout personnel. En revanche, on m’a conseillé de communiquer sur l’attention que je porte à l’environnement et à l’utilisation d’énergies renouvelables car c’est aussi un moyen de partage de bonnes pratiques. Quand j’ai relayé sur les réseaux sociaux l’utilisation du foyer rocket (détaillé dans notre étude de cas) et du solaire thermique, cela a suscité beaucoup d’intérêt dans les milieux des brasseurs.
Le monde des bières artisanales n’est pas très grand, les cavistes et les clients qui s’intéressent à ce type de brasseries vont être sensibles. Il est donc important de communiquer, pour apporter aux client(e)s des informations sur ce que je mets au cœur de ma démarche, même si cela peut être perçu comme du greenwashing.