Après avoir analysé les cas de 15 entreprises en transition bas-carbone lors de précédentes études et publié un livre blanc sur l'économie régénérative, Bpifrance le Lab vous propose d’approfondir le concept à travers des cas concrets d’entreprises en transformation. Les auteurs analysent quatre entreprises* souhaitant devenir « régénératives » suite à leur participation au parcours proposé par la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC).
Si ce n'est déjà fait, Bpifrance Le Lab vous recommande de lire L'Oeil du Lab qui définit l'approche régénérative avant les études de cas.
LE MOT DE ARNAUD VANPOPERINGHE, PDG, associé chez Tikamoon
" L’élan vers le régénératif est venu du cœur et j’ai l’intuition que c’est le bon chemin"
« Tikamoon est une DNVB (digital native vertical brand), experte de la production de mobilier en bois massif. Nous connaissons une forte croissance depuis 2010 sur notre métier et nous avons concentré nos efforts ces dix dernières années à massifier notre modèle en portant nos actions sur le développement, la culture et le management. En 2019, nous avons décidé d’accélérer nos engagements environnementaux et en 2020 nous avons démarré notre stratégie climat avec notre premier bilan carbone. L’entreprise est un formidable lieu d’énergie pour servir les hommes et la planète : notre ambition est de devenir une entreprise régénérative. Nous construisons une marque pour 100 ans ».
QUEL A ÉTÉ VOTRE DÉCLIC VERS LE RÉGÉNÉRATIF ?
« Les constats découverts en participant à la Convention des entreprises pour le climat (CEC) en 2021 ont été un électrochoc. Ensuite, nous avons visionné le film Breaking Boundaries1 avec les collaborateurs, suivi d’un débat et ça a été un choc de plus. Pour nous, se connecter au vivant a été un déclic. Pour préserver la séquestration du carbone dans le produit le plus longtemps possible, nous souhaitons renforcer la pédagogie chez les consommateurs et créer des solutions pour faire durer l’usage du meuble le plus longtemps possible. Nous voulons pérenniser l’entreprise. L’élan vers le régénératif est venu du cœur et j’ai l’intuition que c’est le bon chemin. Nous voulons aller plus loin avec des actes et pas juste de beaux discours. »
Les eNJEUX ENVIRONNEMENTAUX DU SECTEUR DE L’AMEUBLEMENT
LES APPROVISIONNEMENTS, LE RECYCLAGE ET LA SANTÉ HUMAINE
Le secteur de l’ameublement est dépendant de la nature pour ses approvisionnements en matières premières : acier ou aluminium pour la quincaillerie, par exemple, bois et cultures de fibres végétales pour les fauteuils ou les canapés. Le secteur a notamment un enjeu considérable au sujet de la traçabilité du bois (comme la réglementation européenne « zéro déforestation » (RDUE) le témoigne).
Les meubles génèrent des déchets solides traités par recyclage ou valorisation énergétique. En France, 2,5 millions de tonnes de déchets d’ameublement sont produits chaque année. Une filière de collecte et recyclage a été mise en place. En 2020, ce sont plus de 900 000 tonnes de déchets d’ameublement qui ont été collectées et ce chiffre augmente depuis 30 ans « du fait de changements d’habitudes de vie et de consommation mais aussi de la durée de vie limitée de certains produits bon marché ».2
Les meubles émettent plusieurs substances polluantes avec les colles, les vernis, notamment les composés organiques volatils (COV), Oxydes d’azote (Nox) et des particules en suspension (PM)…
Le bois et la séquestration de carbone
« FAIRE DURER LE MEUBLE PLUS LONGTEMPS QUE LE TEMPS DE RENOUVELLEMENT DE L’ARBRE »4
Le bois est une matière qui stocke le carbone atmosphérique grâce à la photosynthèse. Il a une plus-value environnementale dans la transition écologique, sous certaines conditions, notamment dans le secteur de l’ameublement. La Base Carbone®3 de l’Ademe précise deux conditions pour que le bois d’œuvre corresponde à un puits de carbone.
La première condition : que le bois provienne d’une forêt « bien gérée », c’est-à-dire d’une forêt où les coupes et les plantations se compensent, c’est-à-dire, où l’exploitant replante.
La deuxième condition concerne « la réelle durabilité de l’objet contenant le bois ». En effet, si ce dernier sert à fabriquer une charpente dont la durée de vie est supérieure au siècle, il sera légitime de lui faire correspondre un puits, mais s’il sert à fabriquer du mobilier à courte durée de vie (20 ou 30 ans), alors l’existence d’un puits se discute, car le carbone ne séjournera que brièvement dans l’objet en bois (qui fera l’objet d’une incinération en fin de vie).
Ainsi, à la condition de provenir de forêts « bien gérées » et d’être inclus dans des objets qui dureront au moins un siècle, l’emploi d’une tonne de bois d’œuvre donne un « crédit » de 1 850 kgCO2e, ce qui correspond à la teneur moyenne en CO2 du bois. Autrement dit, le bois séquestre du CO2 de l’atmosphère et le produit devient un puits de carbone.
Histoire d'un déclic : la prise de conscience comme moteur
1ère étape clé : création d’une direction RSE et formation des équipes.
Dans une volonté de décarboner ses produits et d’apporter plus de transparence aux consommateurs,
Tikamoon développe :
- des analyses de cycle de vie (ACV) et des projets d’éco-conception des produits avec les équipes de l’Ademe5,
- un premier bilan carbone avec Carbone 46,
- un plan d’action pour réduire des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), avec des efforts notables sur la logistique avec le dispositif FRET 21.7
À l’issue de ces initiatives, Tikamoon conserve son modèle économique, basé sur l’idéation des produits, la production et la livraison via des sous-traitants, et la reprise des produits retournés par les clients pour une vente de seconde main ou leur recyclage.
2ème étape clé : LE DG PARTICIPE A LA CONVENTION DES ENTREPRISES POUR LE CLIMAT
Poursuivre ces ambitions suppose de mettre en place un modèle régénératif, unique et expérimental. Tikamoon vise d’engendrer des impacts positifs nets pour la société et les écosystèmes vers 2030-2040, un temps long nécessaire aux changements radicaux des modèles économiques des entreprises.
Sur la période 2023-2030, en parallèle du modèle économique actuel, l’entreprise expérimentera des modèles économiques et des produits alternatifs sur certaines cibles de clients. Cela lui permettra de tester leurs mises en œuvre opérationnelle et organisationnelle ainsi que leur rentabilité, qui peut prendre quelques années.
Pour mieux comprendre le projet de transformation de Tikamoon, l’analyse plonge dans chaque dimension et détaille la nature des chantiers en cours ou à mener.
LES ACTIONS DE TIKAMOON VERS LE Régénératif, en cinq principes
Pour défricher le concept d'approche régénérative, complexe à l'échelle d'une petite ou moyenne entreprise, Bpifrance Le Lab a collaboré avec la Convention des Entreprises pour le Climat et Lumia, un centre de recherche-action sur l'économie régénérative.
Voir beaucoup plus loin que le climat et intégrer la complexité
#1 — Adopter une vision systémique
Les lunettes du régénératif ont permis à Tikamoon de penser de façon innovante, d’anticiper les risques, de prendre du recul, de regarder des angles morts.
L’entreprise avait déjà connu à la fin de 2022 des augmentations sur les coûts des containers, qui sont passés, sur une période de 1 500 $ à 15 000 $, qu’ils ont pu absorber grâce à leur couverture assurance.
Ces chantiers les préparent aussi à la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui imposera le reporting des risques et des contributions pour la biodiversité.
Leur vision pour 2030-2035 est de devenir une entreprise qui régénère : Tikamoon a commencé à bâtir sa vision RSE Regenerate et le plan stratégique avec de grandes étapes.
#2 — Créer de la valeur positive pour les parties prenantes, les écosystèmes naturels et la société
Adopter une pensée régénérative, c’est prendre conscience des dégradations des milieux naturels, des pénuries à venir (eau, sols fertiles, certains métaux) et de la nécessité de les restaurer. Réduire les externalités négatives est nécessaire, mais ne sera pas suffisant. Il est impératif de générer des effets utiles pour la société et l’environnement, notamment pour pérenniser les activités sur le temps long.
Tikamoon défriche avec attention ces sujets à travers la volonté de transformer le modèle économique.
#3 — Être capable de se limiter, de renoncer
Intégrer le chemin vers le régénératif veut dire aussi appréhender la notion de limites (ressources finies) et remet donc en cause le principe de croissance infinie, de performance sans conscience des impacts.
Ce sujet est en cours de réflexion et s’enrichira avec l’exercice de vision stratégique. L’entreprise passera au préalable par de l’expérimentation (cf. page 9 : Transformer en profondeur son modèle économique).
Se reconnecter au vivant tout au long de la chaîne de valeur
#4 — Renforcer les services écosystémiques de soutien et de régulation
« NOUS AVONS BESOIN DE RECUEILLIR PLUS D’INFORMATIONS SUR LE SUIVI DE LA BIODIVERSITÉ ET SUR LES PRATIQUES EN SYLVICULTURE DE NOS APPROVISIONNEMENTS POUR ORIENTER NOS CHOIX ET AVOIR UNE TRAÇABILITÉ IRRÉPROCHABLE DU BOIS. NOUS SOUHAITONS IMPLIQUER D’AVANTAGE LE FSC8 SUR LE SUJET BIODIVERSITÉ. LE DIAGNOSTIC DES IMPACTS NOUS A MONTRÉ NOTRE RESPONSABILITÉ ET NOTRE RÔLE À JOUER SUR LES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS ET LA RÉGÉNÉRATION DU VIVANT. »
Les services écosystémiques de soutien et de régulation sont les services rendus par la nature pour créer et maintenir les conditions de base du développement de la vie sur Terre, avec, notamment, la formation des sols, la production de biomasse grâce aux végétaux avec la photosynthèse, le cycle de l’eau etc.
Tikamoon impacte plusieurs milieux naturels (écosystèmes forestiers, urbains et marins avec le transport) mais la régénération des forêts est une priorité dans leur modèle. L’entreprise peut générer des externalités positives sur les écosystèmes forestiers, en sélectionnant des approvisionnements avec des pratiques régénératives et en veillant à assurer la traçabilité des forêts, en coopérant avec des acteurs de confiance. Un partenariat a été signé avec le World Wildlife Fund (WWF).
Le parcours CEC de l’entreprise a permis de discerner des sujets à accélérer :
- arrêter le Medium Density Fibreboard (MDF) en 2022,
- viser le 100% Forest Stewardship Council (FSC) d’ici 2025,
#5 — Chercher un équilibre entre performance et robustesse
Ce principe de robustesse s’inspire de la nature : comme le disait Darwin, « les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. »
Un test de robustesse9 pour Tikamoon
a consisté à se demander : si le prix du bois triple ou si la ressource devient plus critique (par exemple avec les effets de la sécheresse ou d’attaques fongiques), que devient l’activité de l’entreprise ? Reste-elle rentable, pérenne ? Gagner en autonomie ou établir des coopérations solides dans ses approvisionnements en bois et leur régénération devient alors une préoccupation pour l’entreprise.
#6 — Utiliser des molécules bio-assimilables
Tikamoon utilise du bois massif qui est par nature 100 % biosourcé et 100 % bio-assimilable. La conception d’un meuble va en revanche impliquer l’usage de produits chimiques (vernis, colles…) qui comportent des substances nocives pour la santé humaine et pour les milieux naturels (eau, air, sol…).
Dans le cadre de son projet d’éco-conception, Tikamoon a décidé de n’utiliser que des huiles végétales et a mis en place un plan d’action de suppression des émissions polluantes de composés organiques volatils (COV) avec pour objectif d'atteindre 100 % de meubles sans COV d’ici 2030.
Transformer en profondeur son modèle économique
MODELE ACTUEL : UN MODELE A LOGIQUE VOLUMIQUE
Le modèle économique actuel de Tikamoon repose sur la conception et la distribution de meubles vendus en ligne, mais fabriqués par des sous-traitants. Ce modèle fonctionne sur une logique volumique : produire toujours plus de meubles neufs pour assurer la croissance de l'entreprise.
Les conséquences de ce modèle assez classique : toujours plus de consommation de matières premières et d’énergie, accentuant la pression sur l’environnement.
Car même les efforts d’éco-conception et de réduction des émissions dans le périmètre de l’entreprise atteindront un certain plafond : si la croissance du modèle se poursuit, l’efficacité obtenue dans les procédés ne sera pas suffisante pour diminuer la demande de nouveaux matériaux.
UN MODELE AVEC DES FLUX DE LOGISTIQUE LONGS ET DONT LA FIN DE VIE DU PRODUIT REPOSE SUR LE BON VOULOIR DU CLIENT ET LA PRESENCE D’INFRASTRUCTURES DE RECYCLAGE.
Le modèle est aussi aujourd’hui très internationalisé avec des chaînes logistiques de longue distance : les fabricants partenaires sont basés en Indonésie, Chine, Inde, ou en Ukraine, et les clients en France et en Europe.
Suite à l’usage, la fin de vie des meubles est aujourd'hui organisée soit par des filières de recyclage qui gèrent ces déchets solides, soit via des réseaux de seconde main (comme leboncoin). Une fois que le bois devient déchet, il libère le carbone qu’il avait capté. C’est pour cela que Tikamoon souhaite aussi intervenir sur la fin de vie de ses produits (cf. principe #8).
#7 — Réduire de manière drastique l’utilisation de matières premières et de l’énergie
Pour réduire les impacts négatifs générés par le modèle actuel, l’activité de Tikamoon devra être synchronisée avec les trajectoires demandées par la science du climat (GIEC) et la science de la biodiversité (IPBES), ainsi que par les directives européennes du Green Deal, qui demande de réduire de 55 % les émissions de GES d’ici à 2030.
Tikamoon a donc travaillé sur l’ensemble du cycle de vie des produits en faisant une analyse de cycle de vie et un bilan carbone ; mais a décidé d’aller plus loin et de transformer son modèle linéaire « Produire - Consommer – Remplacer » en un modèle serviciel centré sur l’usage y compris de type locatif.
Tikamoon a également comme objectif de mener un travail sur les emballages qui protègent les produits lors du transport, notamment pour réduire l’usage du plastique.
Transformer en profondeur son modèle économique
#8 — Être circulaire par design
Dans un projet de transformation vers le régénératif, la fin de vie du meuble doit être la plus lointaine possible et doit, a minima, permettre le réemploi de la matière, si l’usage change. Afin de rendre le démontage et le réemploi des meubles plus facile (en planches ou pour être refabriqués), Tikamoon a éco-conçus ses produits avec très peu de quincaillerie.
Grâce à l’éco-conception, depuis quelques années, Tikamoon est en mesure de faire des meubles circulaires et de tendre vers le zéro déchet :
- en remettant en vente ses retours clients,
- en les réparant lorsqu’ils ont été abîmés lors du transport,
- en faisant de la refabrication dans son atelier de menuiserie à Lille (cf. schéma).
Pour aller plus loin, Tikamoon envisage un modèle serviciel centré sur l’usage, où Tikamoon conservera la propriété des meubles afin de gérer tout le cycle de vie du produit. Cela permet de fermer la boucle et de garder la main sur la matière première (le bois) et de préserver le carbone qu’elle séquestre le plus longtemps possible.
La rentabilité de ce modèle est très liée à la gestion de la logistique inversée, qui implique le retour du produit du client vers l’usine (pour être recyclé, réparé / réutilisé et revendu).
Ce modèle de logistique requiert des circuits très courts pour limiter l’impact financier et environnemental des transports : une modification de la chaîne logistique actuelle est donc nécessaire.
#9 — Être ancré dans le local
Passer d’un modèle très centralisé à un modèle en réseaux de plus petites tailles et en circuits courts implique la création d’un réseau de fabriques présent dans les pays. L’objectif est d’être le plus proche du consommateur, pour éviter au maximum les flux logistiques.
La création de circuits courts à la fois à l’amont et à l’aval sera un sujet complexe pour l’entreprise qui a développé des partenariats de longue date avec ses fournisseurs étrangers, notamment en Asie. Ils font partie de l’histoire de Tikamoon. Cela impliquera de penser le développement commercial de l’entreprise, notamment en Asie, auprès d’une clientèle ciblée, plus locale.
Développer une gamme de produits ou services compatibles avec le vivant
#10 — Être sobre et multifonctionnel
Le catalogue Tikamoon possède des objets dans des matières autres que du bois massif qui sont d’origine extractive. Dans le cadre d’une feuille de route à visée régénérative, un bilan est à réaliser sur toutes ces ressources, pour planifier les changements de matériaux et les renoncements.
Dans son plan d’action, Tikamoon a décidé d’aller vers une baisse progressive des produits issus d’activités extractives (carrières) : il s’agit des vasques marbres ou pierre pour les remplacer par des matières recyclées.
Pour le bois, il a été décidé de n’utiliser que des matières bio-assimilables pour les traitements. L’entreprise n’utilise plus de vernis, colles, ou de placages sur les meubles. De ce fait, Elle a renoncé au MDF (Medium Density Fibreboard) plaqué, ce qui a généré une baisse du chiffre d’affaires, car il s’agissait des meubles les plus accessibles et vendus.
#11 — Créer des relations réciproques et co-évolutives basées sur la coopération
● Influence sur les clients et nouveaux récits sur les modes
de consommation
Tikamoon va expérimenter le modèle locatif avec une boucle circulaire fermée.
Cela veut dire créer de nouveaux récits pour leurs clients : ils incarnent un rôle pédagogique à développer auprès des consommateurs pour qu’ils comprennent leur responsabilité avec un meuble en bois massif qui a stocké du CO2, qui est conçu pour durer le plus longtemps possible ou être réutilisé.
L’objectif est de sensibiliser les consommateurs pour qu’ils comprennent le lien avec la forêt, le climat et la nécessité de prendre soin du bois. Il ne s’agit plus de considérer le meuble comme un objet en lui-même, mais de créer de la valeur et un récit autour des arbres, qui permet de se synchroniser avec la forêt et de prendre soin du vivant.
Les évolutions du modèle économique dans les prochaines années génèreront des changements dans les modes de consommation.
● Création d’un réseau de partenaires plus local
La transition vers un modèle économique locatif centré sur l’usage implique le développement d’un écosystème coopératif d’acteurs pour la rénovation ou la transformation (customisation, patine…) avec des ébénistes, des artisans pour la seconde main, des réseaux de forestiers ou des scieries locales, des écoles de formation… C'est un chantier de long terme.
L’entreprise développe actuellement en France un réseau de petites fabriques.
Placer l’humain au cœur de la transformation
#12 — Partager la valeur monétaire avec ses parties prenantes et pour l’intérêt général
La transformation du modèle économique vers le régénératif passe par le partage de la valeur pour envisager le financement de la régénération écologique et/ou sociale. Par exemple : par l’intermédiaire d’un fonds de dotation, ou en consacrant un pourcentage du chiffre d’affaires au financement de projets régénératifs.
Dans les prochaines années, les modèles comptables évolueront aussi pour intégrer les coûts écologiques, notamment avec des approches de comptabilité (par exemple en triple capital), pour lesquels les standards de rentabilité sont différents et les modèles économiques sobres générant des impacts positifs sont valorisés. La notion de rentabilité économique actuelle n’intègre pas les coûts socio-écologiques cachés et ne reflète pas la réalité de l’entreprise, ni les risques associés à ses activités (risques de transition, déficit d’adaptation, destruction de capital naturel…).
Tikamoon n’a pour le moment pas défini d’actions en ce sens pour la régénération écologique. L’entreprise effectue des dons très réguliers de meubles à Emmaus Défis pour aider des publics défavorisés à se loger avec de beaux objets (8 000 meubles donnés par an).
#13 — Créer des relations vivifiantes
Faire pivoter le modèle économique vers de nouvelles activités et manières d’opérer passera par de l’expérimentation, du « test and learn » avec les clients.
Tikamoon devra travailler avec un écosystème de partenaires (des artisans locaux, des écoles d’ébénisterie). Pour cela, l’organisation a besoin de rester flexible, apprenante, ouverte pour explorer et donc être stimulante face à cette transformation culturelle.
« Pour garder l’usage du bois le plus longtemps possible, l’éco-conception devient la clé pour créer des meubles robustes, voire modulaires, pour changer leur fonctionnalité ou leur design toujours de manière très sobre. Nous aurons aussi à renforcer nos compétences, nos expertises immatérielles stratégiques en design, esthétique et décoration », prévient Benjamin Gérardi.
Tikamoon possède depuis ces débuts une grande agilité grâce à son modèle start-up et verticalisé, avec une culture du changement qui sera utile pour déployer les futures expérimentations. Des formations seront néanmoins nécessaires pour accompagner les collaborateurs dans cette transformation.
L’engouement en interne pour cette trajectoire est réel. La moyenne d’âge gravite autour de 30 ans et les collaborateurs sont très engagés personnellement sur ces sujets. L’entreprise leur offre des espaces d’échanges et de débats avec les TikaGreen Tea pour participer au futur de l’entreprise. « La trajectoire régénérative est aussi un atout pour recruter de jeunes talents engagés. »
CONTACTS
- Elise Tissier
Directrice de Bpifrance Le Lab
elise.tissier@bpifrance.fr
- Laura Parmigiani
Responsable d’études
laura.parmigiani@bpifrance.fr
- Anna le Faouder
Responsable programme des parcours
contact@cec-impact.org
- Christophe Sempels
Directeur général
contact@lumia-edu.fr
- Marie-Laure Devant
Chargée de projet recherche-action
contact@lumia-edu.fr
- Chiara Momo
Chargée de projet recherche-action
contact@lumia-edu.fr
NOTES et références
1 — Film documentaire Breaking Boundaries: The Science of Our Planet (2022) de Jon Clay dans lequel David Attenborough et le scientifique Johan Rockström étudient l’effondrement de la biodiversité terrestre et les leviers restant pour éviter cette catastrophe.
2 — Éléments d’ameublement (DEA) | Ministères Écologie Énergie Territoires (ecologie.gouv.fr).
3 — Base Carbone® de l’ADEME est en accès libre sur le site de la Base Empreinte® de l’ADEME.
4 — Arnaud Vanpoperinghe, PDG Tikamoon dans Actus - Tikamoon BLOG
5 — Tikamoon : Impact Environnemental , Methodologie_ACV_Tikamoon.pdf
6 — Tikamoon : Bilan Carbone
7 — Le dispositif «FRET21 les chargeurs s'engagent en faveur du climat!» est porté par l’ADEME, l’AUTF, et Eco CO2 avec le soutien du Ministère de la Transition Ecologique.
8 — Tikamoon : Certification FSC®
9 — Référence à Olivier Hamant, «test de robustesse»