Bpifrance Le Lab décrypte deux démarches complémentaires : la transition climatique présentée à travers une matrice en 4 axes stratégiques et l’adaptation aux risques liés au climat.
La transition climatique est un moyen de saisir les opportunités business générées par le climat
De la stratégie nationale bas-carbone à la transition climatique des PME et ETI : une matrice en quatre axes stratégiques
La Stratégie Nationale Bas-carbone (SNBC) est la feuille de route que s’est fixée la France pour l’atteinte de son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. L'objectif global est une réduction de 83 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2015. Cet objectif est décliné en orientations sectorielles précises avec des activités à développer et d’autres à limiter.
Pour les PME et ETI, la transition vers une économie décarbonée peut être perçue comme annonciatrice de fortes contraintes, mais elle est tout autant génératrice de véritables «écopportunités».
Pour permettre aux PME et ETI de saisir ces opportunités, nous avons conçu une matrice en dix chantiers faisant le lien entre la SNBC et l’entreprise. Elle constitue une synthèse trans-sectorielle qu’un dirigeant peut utiliser pour questionner les usages et besoins de ses clients existants, voire de nouveaux segments de clientèle. Il peut aussi l'utiliser pour repenser ses opérations.
PREMIER AXE D’ACTION POUR LA TRANSITION CLIMATIQUE DES PME ET ETI : L'EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE ET LE DÉPLOIEMENT D'ÉNERGIES DÉCARBONÉES OU RENOUVELABLES
Le premier axe des chantiers de la transition, l’énergie, se compose de quatre chantiers :
- Le déploiement d’énergies peu ou pas carbonées ;
- Le déploiement d’énergies carbonées mais renouvelables ;
- L’efficacité énergétique ;
- L’électrification.
Le Graal est la décarbonation totale des sources et des vecteurs de l’énergie. Toutefois, la transition climatique passe en premier lieu par la sobriété dans la demande, ainsi que l’amélioration de l’efficacité dans la production, l’acheminement, le stockage et l’utilisation de l’énergie.
Il s’agit aussi de profiter de la démocratisation de technologies décarbonées et/ou renouvelables, comme l’hydrogène, les batteries ou les biocarburants. Certaines peuvent soulever des questionnements importants car elles ne sont pas exemptes de défauts. Toutefois, au-delà de ces interrogations, ces deux leviers - l’efficacité et les nouvelles technologies - seront nécessaires à la transition vers un monde bas-carbone.
LA RÉDUCTION DE LA CONSOMMATION DE MATIÈRES PREMIÈRES ET LE CHOIX DE MATÉRIAUX INNOVANTS MINIMISENT L’IMPACT CLIMATIQUE DES PME ET ETI
Après l’énergie, les matières premières constituent un autre terrain d’action majeur pour l’atteinte de la neutralité carbone. Elle se décline en 4 chantiers :
- La réduction de la consommation de matières premières ;
- Le déploiement de matériaux moins impactants en émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) ;
- Le déploiement de matériaux biosourcés plutôt que pétrosourcés ;
- La diminution de l’impact climat lié à l’usage de produits d’origine animale.
La production et la transformation de matières premières sont des facteurs importants d’émissions de gaz à effet de serre. Il convient donc de réduire les besoins « en volume » de matières premières, ou, lorsqu’un certain volume de matière est nécessaire, d’en réduire l’impact carbone.
Cela passe par l’usage de matières premières innovantes et/ou de matériaux recyclés. Des matériaux biosourcés, donc renouvelables et moins conséquents en carbone, sont à privilégier à la place de matériaux pétrosourcés. Enfin, la réduction de l’empreinte carbone liée à l’usage des produits animaux est l’une des lignes directrices des stratégies française et européenne de transition bas-carbone.
TRANSFORMER LES BESOINS EN MOBILITÉ ET LES MODES DE TRANSPORTS POUR RÉDUIRE LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
La mobilité, est une des principales sources d’émissions de carbone aujourd’hui, qu’elle concerne les individus ou les marchandises. Moteur de l’économie, il s’agit à la fois d’en réduire la demande et d’en modifier les supports.
Le développement de filières d’approvisionnement locales engendre par exemple la réduction des distances à parcourir par les marchandises. Cela pourra provenir également de relocalisations qui, sans être toutes réalisées à l’échelle nationale, pourront au moins l’être à un niveau continental, avec à la clé une meilleure résilience à d’éventuels événements perturbateurs des chaînes logistiques. Les outils digitaux, massivement développés pendant la crise sanitaire, pourront continuer à réduire les besoins individuels en transport. Cela s’accompagnera de nouveaux besoins d’aménagement dans le secteur du bâtiment, au niveau des infrastructures de transport ou du digital. Enfin, comme les besoins de mobilité existeront toujours, il s’agira de favoriser le recours aux transports actifs. Il s'agit par exemple du vélo ou de la marche, collectifs, partagés, moins ou pas carbonés. Ce changement peut être envisagé en modifiant les comportements et en usant de nouvelles technologies.
LE MAINTIEN ET LE RENFORCEMENT DE PUITS DE CARBONE : UN Possible COMPLÉMENT À LA RÉDUCTION DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE (GES)
Quatrième et dernier axe majeur permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon de la moitié de ce siècle : le maintien et le renforcement des puits de carbone. Ils auront un rôle clé même si, idéalement, cet axe devrait être marginal. En effet, la priorité est de réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre (GES) à leurs sources, pour les faire tendre vers zéro, en agissant sur les trois premiers axes présentés précédemment.
Cependant, même avec les hypothèses les plus optimistes au niveau technologique, ou les plus radicales en termes de comportements, il sera nécessaire de « puiser » le carbone de l’atmosphère. En effet, il restera toujours un fond d’émissions de carbone incompressible.
Aussi, pour retirer ce reste d’émissions GES, les puits naturels qui s’appuient sur la photosynthèse - les arbres, certains micro-organismes, etc. - ou le stockage de carbone dans les sols, devront être renforcés.
Enfin, des activités technologiques devront également être mises en place pour accroître les volumes de carbone captés et stockés dans les sols ou les sous-sols.
LA DÉMARCHE D’ADAPTATION FACE AUX RISQUES D’ÉVÉNEMENTS CLIMATIQUES et environnementaux EXTRÊMES : Une démarche ESSENTIELLE POUR ASSURER LA PÉRENNITÉ DE L’ENTREPRISE
Au cours des dernières années, les phénomènes météorologiques et les événements climatiques extrêmes se sont multipliés.
De manière directe ou indirecte, le climat peut affecter l’ensemble de la chaîne de valeur d’une entreprise. Il peut s'agir des opérations, avec des conditions de travail plus ardues par exemple, de la chaîne de distribution et d’approvisionnement en passant par les infrastructures. Le dérèglement et réchauffement climatique rendent donc les entreprises vulnérables face à des phénomènes souvent hors de contrôle des dirigeants.
Ces risques peuvent être cartographiés afin de mettre en œuvre des solutions de prévention pour atténuer d’éventuels impacts. Lors de notre précédente étude sur les enjeux climatiques, près d’un tiers des répondants déclarait avoir déjà été impacté par des événements liés à l'environnement ou au climat. Parmi eux, seulement 64 % avaient mis en place des mesures d’adaptation à la suite de ces impacts.
Trop souvent négligée, la démarche d’adaptation est pourtant essentielle pour assurer la pérennité des entreprises sur le long terme face au dérèglement climatique. L’objectif est de limiter les impacts et les dommages associés sur les activités, qu’ils soient directs - affectant l’entreprise - ou indirects - lorsqu’un fournisseur est touché, par exemple.
La prise en compte de ces facteurs sera demain, si ce n’est pas déjà le cas aujourd’hui, un témoignage de fiabilité des entreprises - tout secteur compris - et, de ce fait, un avantage compétitif décisif.
A propos de l'étude "Agir face aux enjeux climatique : les PME-ETI et les impacts du climat"
L'objectif de cette seconde étude sur les dirigeants de PME-ETI face à l’urgence climatique est de dépasser le diagnostic réalisé en 2020 pour comprendre les impacts que les enjeux climatiques auront sur les PME-ETI à un horizon 5-10 ans. C’est alors que s’ouvre pour nous un défi méthodologique. Nous avons choisi de procéder par recherche bibliographique et par études de cas d’entreprises précurseurs en matière de transition bas-carbone, appelées les «précurseurs ». Au total, des dizaines de textes lus et synthétisés, et onze entreprises passées au crible (chiffres d’affaires entre 4 M€ et 751 M€, entre 25 et 3200 salariés, de tous secteurs : automobile, transport, chimie, énergie, textile, agroalimentaire, agriculture, construction).
Nous savons que les impacts des enjeux climatiques sont majeurs et de différentes natures, que certains secteurs sont plus exposés que d’autres. Ce qui nous apparaît plus nettement aujourd’hui, c’est que la transition climatique n’est pas seulement un sujet de convictions ou d’obligations comme on l’entend souvent. Elle est véritablement un sujet d’opportunités business à saisir maintenant, au risque d’être saisi par les contraintes qui s’imposeront aux entreprises qui n’auront pas bougé assez vite.
Vous consulter l'intégralité du volet 1 de cette étude "Agir face aux enjeux climatiques : les PME-ETI et les impacts du climat".