Quatre leviers pour mettre en œuvre la transition bas-carbone de son entreprise
Les onze précurseurs permettent de dresser un premier constat : cette transition est non seulement possible pour les PME-ETI, mais aussi souhaitable (rapidement) pour prendre des positions dans un contexte d’hyper compétition. Personne n’échappera à la transition vers une économie bas-carbone, ni aux effets déjà bien visibles du dérèglement climatique. Même s’il est difficile, voire impossible, d’avoir une vision nette de l’avenir, nous incitons les dirigeants de PME-ETI à appliquer leurs réflexes entrepreneuriaux au climat.
Les leviers à mobiliser pour entamer sa transition sont finalement les leviers classiques activés par les entreprises dans le cadre de tout projet de transformation, quel que soit leur secteur d’activité. En voici une synthèse.
Réfléchir à la vision et la gouvernance de son entreprise, en plaçant le climat au cœur de cette réflexion
Mener un travail de réflexion assez large sur l’identité et les valeurs de l’entreprise à la lumière de la transition actuelle
Cette étape est primordiale pour orienter sa stratégie de transition. Cela permet au dirigeant de définir un point de départ et une direction à prendre pour l’entreprise. C’est un moyen de fédérer ses collaborateurs et ses partenaires externes.
MENER UN TRAVAIL DE RÉFLEXION STRATÉGIQUE PLUS CLASSIQUE EN PLAÇANT LA TRANSITION CLIMATIQUE AU CŒUR DE CETTE RÉFLEXION.
Mettre le climat, et plus largement sa démarche RSE, au cœur de sa stratégie.
- S’appuyer sur ses forces et ses savoir-faire pour innover, conquérir de nouveaux marchés et faire évoluer ses opérations vers des pratiques plus “climato-compatibles” ;
- Formaliser une feuille de route, et la communiquer de manière transparente, pour engager à la fois l’interne et ses partenaires extérieurs.
S’entourer des bonnes personnes
S’entourer d’experts de différents domaines, par exemple scientifique, marketing, RSE, sous forme de Copil (Comité de pilotage), qui pourront contribuer à l’intégration des enjeux climatiques dans le modèle économique de l’entreprise.
Impliquer sa filière et s’adapter à son territoire
- Dialoguer avec l’ensemble de l’écosystème, c’est-à-dire les fournisseurs, les partenaires, les prestataires pour que toute la filière avance dans la transition.
- S’adapter aux spécificités des territoires sur lesquels l’entreprise opère, que ce soit en France ou à l’étranger. Les partenaires, les demandes clients, la maturité des marchés et l’aménagement des axes de transport ne sont pas les mêmes partout.
Pour appuyer ce changement et gagner en compétitivité, les PME et ETI peuvent s'appuyer SUR L’INNOVATION, LE DIGITAL, LA RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT
Mettre en œuvre une veille sur les avancées du secteur dans un objectif de compétitivité
Il ressortait de notre précédente étude qu’une fois informé, un dirigeant était plus enclin à mener des actions d’adaptation. Afin d’investir et de s’engager dans les projets de R&D les plus rentables et intéressants pour l’entreprise, elle doit effectuer une veille régulière sur les avancées techniques et technologiques mais aussi sur les enjeux climatiques tels que les nouvelles réglementations, les projets politiques et les tendances de consommation.
Investir en R&D
C’est l’élément incontournable de la transition. L’ensemble des entreprises rencontrées a mis en place des stratégies de R&D et d’innovation pour faire évoluer son offre et adapter ses opérations. Cela permet de répondre aux attentes clients ou d’être force de proposition vis-à-vis des enjeux climatiques. Certaines entreprises deviennent référentes et sont même sollicitées par leurs clients pour les aiguiller sur certaines problématiques émergentes.
Adapter sa stratégie R&D selon les besoins et l’histoire de l’entreprise
Chaque cas analysé présente des ambitions différentes en matière de R&D mais toutes s’appuient sur deux fondamentaux : leurs atouts historiques et une bonne compréhension de leur environnement.
Chercher des partenaires à l’extérieur
Pour beaucoup de PME-ETI, innover seules constitue un grand risque, alors que certaines compétences peuvent être trouvées auprès d’autres acteurs. Les PME-ETI sont même parfois l’échelon manquant entre la recherche fondamentale et la commercialisation :
- Créer un partenariat avec un fournisseur, pour l’usage ou la distribution d’un de ses produits ou services, afin d’entrer rapidement en phase opérationnelle, avec un retour sur investissement rapide et visible.
- Aller chercher des compétences techniques à l’extérieur : laboratoires de recherche, universités, startups, autres entreprises.
S’appuyer sur le digital
C’est un levier important pour la transition des PME-ETI, que ce soit pour optimiser les process de production et économiser de l’énergie, pour accroître la durée de vie des produits grâce aux retours des clients, ou bien encore pour valoriser des cobénéfices environnementaux par la construction d’indicateurs.
MOBILISER LES COMPÉTENCES ET L’ENGAGEMENT DES COLLABORATEURS DANS LA CONDUITE DU CHANGEMENT
Assurer l’engagement des collaborateurs grâce à un processus de conduite du changement
La transition de l’entreprise implique de bouger de nombreuses lignes en interne. Il est donc important de sensibiliser aux enjeux climatiques et de moduler les objectifs en fonction des métiers des équipes afin d’ancrer les évolutions dans le quotidien de chaque collaborateur.
Rechercher et s’entourer des compétences pour demain
- Recruter des profils qui seront capables de tirer l’entreprise vers le haut et de l’accompagner dans sa transition. Il n’y a pas une seule bonne voie : certains privilégient des généralistes, d’autres plutôt des profils atypiques ;
- Former les collaborateurs aux compétences nécessaires pour le déploiement des nouveaux produits ou services en lien avec la transition, parfois très techniques, comme la réhabilitation de matériels, ou bien le passage de transmissions mécaniques à des transmissions électriques dans l’automobile.
Se former en tant que dirigeant, et son équipe de direction
L’intégration des enjeux climatiques dans l’entreprise nécessite un haut niveau de technicité, en plus de grandes compétences managériales pour réussir sa transformation.
S’aider de ressources financières telles que les subventions et le transfert technologique
S’appuyer sur les aides et subventions publiques
Les aides à la transition sont nombreuses : aides au financement proposées par l’Ademe dans le cadre du Plan de relance, aides auprès de certaines collectivités dans le cadre d’appels à projets, etc. Elles permettent souvent d’accélérer des projets pour lesquels l’entreprise manque de fonds propres.
Rechercher et s’entourer des compétences pour demain
Cette démarche peut être réalisée par la certification ou le chiffrage précis de sa promesse de valeur :
- Faire certifier les nouvelles matières, les processus utilisés, ou plus globalement l’entreprise (normes ISO, Global Compact, Ecovadis, B Corp, etc.) afin de pouvoir mieux valoriser économiquement les nouveaux produits ou services auprès des clients B to B ou finaux. Cela représente un investissement en temps et en argent mais c’est souvent le meilleur moyen de tirer le juste prix d’une nouvelle offre “climato-compatible”.
- Valoriser la promesse de valeur des nouvelles offres proposées aux clients en développant des indicateurs appropriés. C’est encore plus vrai pour les cobénéfices environnementaux, par nature diffus et complexes. Par exemple, l’impact positif d’un service sur la biodiversité ou sur le stockage de carbone dans les sols peut se traduire par des indicateurs chiffrés.
Faire du transfert technologique
Les PME-ETI peuvent transférer à d’autres entreprises des brevets qui permettent de répondre à des enjeux climatiques, pour en récolter les royalties sans avoir à mobiliser leur trésorerie ou prendre le risque d’investir dans de nouveaux sites de production.
LES ÉTUDES DE CAS PORTENT SUR DES ENTREPRISES DE SECTEURS ET TAILLES VARIÉS (PME et ETI) QUI ONT ACCÉLÉRÉ LEUR TRANSITION CLIMATIQUE
Les études de cas constituent un socle concret de mise en œuvre de la transition à travers des entreprises de divers secteurs. Elles permettent à un dirigeant de trouver des sources d’inspiration et de procéder par analogie.
Nous avons utilisé trois critères de sélection en cherchant une pluralité de situations (secteurs d’activité, B to B / B to C, positionnement dans la chaîne de valeur) :
- PME-ETI déjà établie, c’est-à-dire non native de la transition bas-carbone, avec une histoire relativement ancienne (15-20 ans minimum) ;
- PME-ETI qui agit sur, au minimum, un chantier de la transition, en lien avec l’offre ou le segment de marché ;
- PME-ETI qui rencontre un ou plusieurs enjeux liés à l’adaptation aux risques physiques du dérèglement climatique.
Pour lire les études de cas des onze entreprises précurseurs, retrouvez le volet 2 de notre étude dans son intégralité ci-dessous :