Après avoir découvert l’entreprise Realyz lors du festival Futur en Seine 2017, Bpifrance Le Lab est parti à la rencontre de Guillaume Brincin, son directeur et fondateur. Realyz, dont le siège est localisé près de Laval, est un concepteur de solutions de réalité virtuelle à destination de professionnels du bâtiment, de l’industrie ou encore de l’évènementiel. Son principal produit, le Mobilyz, est un système de réalité virtuelle mobile et modulable. Il permet une expérience immersive totale à l’échelle 1:1. L’utilisateur est placé à l’intérieur d’un cube de 4 ou 5 faces sur lequel est projeté un environnement virtuel. Muni de lunettes 3D et d’un joystick, il se retrouve alors immergé à l’intérieur de l’univers 3D et peut interagir avec lui.
Realyz met la technologie de la réalité virtuelle à portée des PME et TPE
L’entreprise est née il y a 6 ans. Alors que Guillaume Brincin travaillait pour un laboratoire de réalité virtuelle, il s’est rendu compte que les artisans et les PME étaient demandeurs de la technologie, mais qu’ils ne pouvaient investir car les solutions étaient trop onéreuses. En 2011, lorsque des systèmes plus compacts sont arrivés sur le marché, Guillaume Brincin a décidé de créer sa propre solution en détournant les systèmes qu’il connaissait pour les adapter à plus petite échelle. La disponibilité de la technologie croissante (rappelons que la réalité virtuelle existe depuis plus de 10 ans), et le fait d’accepter de réduire ses marges, lui ont permis de proposer des tarifs intéressants et amortissables en moins de 6 mois.
La technologie est donc devenue accessible à tout un ensemble d’entreprises qui n’auraient pas pu se l’offrir auparavant. C’est le cas du partenaire de Realyz, Artibainenergie, spécialiste installateur de salles de bain, à qui nous avons également rendu visite.
L’accessibilité du produit en termes de prix peut avoir une contrepartie sur le rendu des matières. Il existe des systèmes plus sophistiqués, mais ce n’est pas le positionnement adopté par Realyz. L’entreprise souhaite avant tout « démocratiser » la technologie.
Selon Guillaume Brincin, en France, il y aurait deux « écoles » de la réalité virtuelle :
- les pionniers : ils sont une dizaine et ont développé les technologies à destination des industriels. Ils font principalement du B to B.
- les nouveaux entrants : ils exploitent les contenus qu’ils créent principalement dans le cadre de jeux et d’animation à destination du grand public (B to C).
Realyz a fait le choix de se positionner sur le segment BtoB et plus particulièrement sur les industries et le bâtiment.
La technologie à l’origine de dynamiques territoriales collaboratives
D’après le dirigeant de Realyz, la région Ouest a clairement affiché une politique volontariste sur l’innovation. La région et la maire de Laval souhaitaient sortir du cliché d’une Mayenne agricole.
Par ailleurs, la mise en place des technologies de réalité virtuelle en région suscite la création de partenariats entre entreprises locales. Le dernier système développé par Realyz pour un client qui fait de la pose de panneaux solaires dans le Gers a créé une émulation à l’échelle de la région. La mise à disposition de son système auprès d’autres acteurs a fait de lui l’épicentre de la réalité virtuelle du département, lui permettant de développer une activité complémentaire à celle qu’il avait à l’origine.
La réalité virtuelle en action : visite du site d’Arti’Bain Energie, utilisateur du système de Realyz à Lassay-Les-Châteaux
Nous avons pu visiter et tester la solution mise en application dans le magasin/showroom d’Arti’Bain Energie. L’entreprise propose de la pose et rénovation de salles de bain. Nicolas Wacquez, conseiller commercial de l’entreprise, nous a ouvert ses portes et présenté l’outil.
Arti’Bain Energie à Lassay-les-Châteaux (Mayenne)
Au fond de son magasin, nous entrons dans l’espace dédié avec ordinateur et cube de 9m3 pour simuler des espaces destinés à être réaménagés. Nicolas Wacquez nous explique que l’utilisation de la réalité virtuelle n’est pas systématique, il l’utilise seulement quand il y a des prestations qui requièrent un certain niveau de technicité. En parallèle de son travail à Arti’Bain Energie, Nicolas Wacquez passe une licence de développement commercial, ce qui lui permet d’étudier en profondeur l’impact de l’outil sur l’évolution des ventes.
Nous testons la solution. Dans le cube, les images sont projetées grâce à un vidéoprojecteur. Nous sommes immergés dans une salle de bain grandeur nature grâce à des lunettes avec capteurs permettant de convertir en 3D l’environnement dans lequel nous nous trouvons. Grâce à un joystick, nous pouvons nous déplacer, ouvrir les placards, changer la couleur des carreaux de la salle de bain, etc. L’intérêt du cube réside dans le fait d’être entouré par le virtuel. En voyant l’ensemble de son corps (ce qui n’est pas le cas avec la technologie des casques), on peut se rendre compte du volume de son corps par rapport au reste (la hauteur des éléments d’ameublement, la largeur des passages, etc.). Nicolas Wacquez crée des scripts (des environnements) avant la mise en situation du client. Ainsi, si le client est hésitant sur tel ou tel éléments, il peut lui en suggérer plusieurs lors de la simulation en réalité virtuelle.
Démonstration de l’utilisation de Realyz pour la modélisation d’environnement de salles de bain par Arti’Bain Energie
Pour Nicolas Wacquez, les avantages commerciaux sont évidents. Une fois immergé dans sa propre salle de bain (virtuelle), le client peut se rendre compte de ce que rendront tels ou tels travaux d’aménagement, il pourra aussi se représenter les suggestions de l’artisan en direct, qui lui-même pourra éviter les erreurs d’installation, mieux préparer le chantier etc. Le taux de satisfaction client est amélioré. Arti’Bain Energie serait passé d’un un taux de transformation client de 35 à 75%.
Dans un processus de vente classique, l’artisan se rend chez le client, écoute ses demandes et lui envoie un devis. Puis, le client compare les différents devis entre des artisans. Nicolas Wacquez nous explique : « Les clients ont entre les mains des devis qui vont du simple au double sans savoir pourquoi, ni les produits qu’il y aura dans leur future salle de bain… Du coup, j’invite le client à venir en magasin et je leur présente le résultat de la simulation en réalité virtuelle. Je peux alors y intégrer une forte dimension expertise et conseil. Le client se projette beaucoup plus facilement. C’est une très bonne aide à la vente, par contre il faut savoir qu’on y passe un petit peu plus de temps. »
L'étude complète reste disponible en téléchargement sur le volet de droite. Retrouvez également les autres entretiens juste en dessous.