Hello Alix, le chatbot développé par la start-up, est un « agent conversationnel », c’est-à-dire un programme informatique capable de simuler une conversation textuelle via l’application Messenger du réseau social Facebook. Le programme fonctionne à partir d’une intelligence artificielle (IA) qui a vocation à répondre de la façon la plus pertinente possible aux besoins vestimentaires de ses utilisateurs masculins.
L'interview de Camille Fagart, COO et co-fondateur de la start-up Alix Chatbot
Pour Bpifrance Le Lab, Alix Chatbot représente typiquement l’esprit de la French Touch. Dans le secteur de la mode, la start-up incarne le renouvellement des modèles classiques de prescription, de distribution et de communication en s’adressant directement aux utilisateurs de la messagerie Facebook, une cible jeune et en demande de conseils personnalisés. Une opportunité donc, pour les marques souhaitant se positionner sur ce créneau. Bpifrance Le Lab vous invite à découvrir cette start-up prometteuse à travers les mots même de son fondateur, Camille Fagart.
Impressions écran de conversations avec le chatbot Hello Alix
Le Lab : Pouvez-vous nous présenter votre solution en quelques mots ?
CF : Hello Alix est une IA qui se déploie sur Facebook Messenger. Elle comprend ce que lui demande l’utilisateur qui s’exprime en langage naturel, comme s’il discutait avec un proche. L’IA va être capable de comprendre sa demande, et de lui apporter une réponse.
Nous avons développé cette intelligence sur l’univers du prêt-à-porter (PAP) masculin, mode et accessoires. Nous nous positionnons comme une alternative plus pertinente que la recherche Google. Si je cherche « chemise blanche à 50 euros » sur Google, j’ai beaucoup de chances de me retrouver sur un site de type H&M ou Zara. Ce n’est pas du tout personnalisé. Google n’a pas de mémoire à long terme. Il ne sait plus ce que j’ai demandé il y a 3 mois et n’apprend pas à adapter ses propositions de marques en fonction de ce qui est pertinent pour moi. Il me propose plutôt des marques qui ont payé pour être référencées.
« Nous nous positionnons comme une alternative plus pertinente que la recherche Google »
Le Lab : Qu’est ce qui caractérise votre offre ?
CF : Notre logique est simple. Nous avons une base de données produits qui nous est propre. Ce sont des produits que nous avons sélectionnés en amont, en partenariat avec des blogueurs mode. Ces produits portent tous des valeurs fortes : qualité, responsabilité, écologie, transparence… Ce sont à la fois des marques de PAP traditionnelles ou familiales comme Armor Lux, Emile Lafaurie ou Spring Court et des marques qui sont plutôt émergentes, comme le Slip Français, Faguo ou Maison Labiche qui dynamisent le marché. Aujourd’hui, nous en proposons environ 200.
Le Lab : Sur quels principes reposent votre Business Model ?
CF : Nous nous positionnons sur la première étape du parcours d’achat client, c’est-à-dire la recommandation. Grâce au chatbot nous apportons un conseil. Mais notre vision à long terme est d’aller bien au-delà, pour être capable de gérer l’ensemble du processus d’achat du client : la recommandation du produit, la recommandation du lieu (online ou alors en boutique, près de là où le client se trouve), l’achat du produit, l’accompagnement après son achat (avertissement de l’état de livraison du colis etc..). En fait, nous souhaitons réunir au sein d’un chatbot toutes les étapes du parcours client. Nous avons vocation à être son interlocuteur unique et privilégié sur tous ses achats mode et accessoires. Nous voulons aussi être capables de l’avertir quand le produit qu’il aura repéré sera soldé. L’idée, c’est vraiment de lui faciliter la vie. Comme nous sommes uniquement disponibles sur Facebook Messenger, nos cibles privilégiées sont les millenials entre 25 et 40 ans, voire même les 25-35 ans.
Le Lab : Comment fonctionne votre chatbot Hello Alix aujourd’hui, vous redirigez vos utilisateurs vers les sites des marques ?
CF : Aujourd’hui, oui. Comme nous utilisons Facebook comme canal de diffusion, les utilisateurs n’ont pas encore la possibilité d’acheter le produit dans la conversation. Il n’y a pas encore de bouton « acheter », cette fonctionnalité est actuellement en test aux Etats-Unis. Nous devons donc rediriger nos utilisateurs vers les sites marchands des marques ou vers les sites de retailers.
Par contre, nous facturons les retailers pour référencer leurs points de vente (PDV). Par exemple, un utilisateur choisit d’acheter une paire de chaussures de la marque Grenson, qu’Alix lui a recommandées. Alix lui indique ensuite le PDV le plus proche qui dispose de la paire souhaitée. Après son achat, nous facturons la boutique. Il y également un abonnement pour être référencé en tant que PDV. Pour un retailer online, nous prenons une commission puisque dans ce cas particulier, nous sommes capables de tracker la vente. Mais nous ne facturons pas la marque directement pour la simple et bonne raison que nous voulons rester indépendants et objectifs dans le conseil que nous délivrons.
Le Lab : Si votre objectif est de devenir une marketplace avec tous les services clients intégrés, cela signifie que vous permettrez à vos clients de payer au sein même de la conversation messenger ?
CF : Oui, et nous leur donnerons également toutes les informations concernant l’évolution de leur commande jusqu’à la livraison. C’est notre objectif à terme. Pour le paiement dans l’application, nous sommes dépendants de Facebook car nous n’avons pas vocation à nous développer sur d’autres applications. Nous voulons être le plus direct possible.
Le Lab : Comment les marques réagissent-elles lorsque vous leur proposez cette nouvelle solution ?
CF : Tout le monde ne connait pas encore le fonctionnement des chatbots, alors il peut y avoir quelques réticences. Certains peuvent nous dire : « Moi je fais de la qualité, de l’artisanat, je ne veux pas être diffusé dans un chat sur Facebook Messenger ». En fait, ils craignent que l’aspect technologique nuise à leur image. De notre côté, nous devons les rassurer et souvent lorsqu'on leur parle de nos valeurs, de notre démarche sélective, ils comprennent généralement mieux la valeur que nous sommes capables de leur apporter.
A côté de ça, nous proposons des marques qui sont nées avec le digital, il y a 5-6 ans, comme Maison Standard. Là, notre modèle est tout de suite pertinent pour eux. C’est un nouveau canal de distribution qui n’est pas encore très exploité, et dans lequel leur cible est présente tous les jours. Par ailleurs, Hello Alix est un outil extrêmement pertinent pour découvrir des nouveautés, nous sommes avant tout un outil de recommandation. Notre utilisateur a un besoin qualifié et va nous l’exprimer. « je cherche des chemises de qualité à 60€ ». Notre rôle, c’est aussi de lui faire découvrir des marques qu'il n'aurait pas découvert ailleurs.
« Tout le monde ne connaît pas encore le fonctionnement des chatbots, alors il peut y avoir quelques réticences. »
Le Lab : Comment voyez-vous l’avenir du e-commerce ?
CF : Nous croyons beaucoup au conversationnel. Pas au conversationnel si le chatbot est issu de grandes plateformes existantes. Si c’est juste pour recréer un catalogue dans une conversation, cela a peu d’intérêt. Nous croyons à l’IA qui intègre la recommandation et qui va jusque l’acte d’achat et au-delà, comme ce que nous développons. En revanche, je ne crois pas du tout à la disparition des grandes plateformes de e-commerce comme Amazon ou équivalent. Je pense qu’il y a une vraie complémentarité entre les deux.
Le Lab : Pourquoi ? Pour quels types d’usages ?
CF : Il y a déjà une question de typologie de clients. En tant que chatbot sur Facebook Messenger, nous captons plus facilement les cibles assez jeunes, les millenials et tous ceux qui vont arriver dans cette tranche d’âge. Par contre tous ceux qui ont plus de 40 ans, ceux-là vont plutôt se diriger vers des plateformes de e-commerce donc il y a déjà cette complémentarité d’usages et de cibles.
Par ailleurs, sur certains types d’achats le chatbot a très peu d’intérêt, comme par exemple la consommation alimentaire. Le chatbot est pertinent lorsque l’on recherche une certaine valeur ajoutée, là où on a vraiment besoin de conseils. Nous, nous sommes dans la démarche de proposer une sélection, il faut être très convaincant très rapidement.
« En tant que chatbot sur Facebook Messenger, nous captons plus facilement les cibles assez jeunes, les millenials et tous ceux qui vont arriver dans cette tranche d’âge. »
Il est sûr que l’IA va être de plus en plus utilisée, même sur les plateformes les plus classiques. Beaucoup d’acteurs de PAP nous demandent de mettre à disposition notre technologie en marque blanche. Nous, ce n’est pas du tout notre logique. Nous ne croyons pas au fait que chaque marque puisse avoir son propre chatbot. Il y a clairement ici un effet de mode, comme pour les applications mobiles il y a 10 ans. Nous croyons davantage au fait qu'il existe plusieurs grands chatbots de recommandation indépendants avec cette composante sélective sur différentes verticales métier qui proposeront différentes marques, différentes offres. Aujourd'hui il existe par exemple Jam sur la recommandation de restaurants, bars, sorties culturelles, Hello Alix sur le prêt-à-porter masculin.
Pour consulter le site web de Hello Alix, rendez-vous par ici.
Camille Fagart
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