LE MOT DE FRANÇOISE RAOUL-DUVAL CEO DE DIAM
« DIAM s’est engagé depuis plus de 10 ans dans une stratégie de soutenabilité. En 2019 nous avons aligné notre trajectoire carbone avec SBTi 1.5° (-46 % en 2030). En 2021, la participation à la Convention des Entreprises pour le Climat nous a poussé à être encore plus ambitieux, sous l’angle social et en termes d’actions environnementales, y compris sur des changements de modèles. Nous menons les changements nécessaires avec un prisme scientifique robuste (ACV, eco-design, mesure), un focus fort sur la formation et l’implication des équipes, en coopération avec les autres acteurs du secteur (partenaires, clients, fournisseurs…). »
DIAM fait partie de ces entreprises agissant fortement pour réduire leur empreinte et convaincues de l’urgente nécessité d’agir en faveur du vivant. À ce jour, DIAM affiche des engagements, actions et résultats sur la baisse des impacts, leader RSE sur son marché, mais ne souhaite pas s’afficher comme entreprise « régénérative » ou « en route vers le régénératif » car cette feuille de route n’est pas encore aboutie ; cependant DIAM souhaite aller le plus loin possible dans sa transition socio-écologique.
Il nous a paru intéressant d’évaluer son approche au prisme du régénératif, pour en tirer des enseignements qui pourront être utiles à tous ceux qui s’intéressent à l’approche de durabilité forte en général, et régénérative en particulier.
Partenaire des Maisons et Marques du luxe et de la beauté depuis plus de 50 ans, le groupe DIAM propose des services de conseil et de design en Retail et Merchandising, conçoit et réalise des éléments de Merchandising (mobilier, présentoirs,…) et des solutions d’agencement de magasins. Il conçoit et produit aussi des emballages haut de gamme et propose des solutions digitales pour optimiser l’expérience client en magasin. Si l’entreprise s’est d’abord créée en France et avec une acquisition en Grande-Bretagne, elle s’est ensuite internationalisée (de 2006 à 2015) pour accompagner ses clients européens en Asie-Pacifique (APAC) et sur le continent américain, puis a mené une stratégie offensive de développement du portefeuille, pour étendre l’offre proposée aux clients. L’ensemble des produits proposés sont dessinés et fabriqués dans les différentes usines de DIAM à travers le monde, le plus souvent en « Local to Local ».
ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DU SECTEUR DU MERCHANDISING
Le secteur du luxe et de la beauté est particulièrement marqué par les représentations, encourageant la créativité, les récits, la désirabilité. Le luxe est par définition très attaché à la qualité, à la rareté et à l’excellence. Les Marques et les Maisons du luxe et de la beauté sont donc actives sur ces sujets de durabilité. Elles mesurent également l’impact de leur activité sur l’urgence climatique, sur plusieurs niveaux, en particulier sur l’impact carbone, de l’eau et du bois. Plusieurs Maisons sont donc motrices et souhaitent contribuer, à leur échelle, aux chantiers en faveur de plus de soutenabilité.
Aujourd’hui, l’un des enjeux du secteur est de conjuguer les besoins des magasins d’utiliser les présentoirs et les réagencements pour enchanter les lieux, créer des émotions et favoriser les ventes, avec l’exigence de s’inscrire dans une démarche de durabilité et de soutenabilité, souvent par le biais de l’écodesign. Les éléments de PLV1 fabriqués par DIAM pour mettre en avant les marques de luxe et de beauté (mobilier, présentoirs, affiches, magasins éphémères…) ont une durée de vie variable (entre 3 mois et 10 ans) et sont renouvelés sur décision des services marketing des marques clientes. Les meubles sont typiquement multi-matériaux, en plastique, carton, bois, métal et éléments d’éclairage. Les meubles consomment souvent de l’électricité pour leur éclairage. Les postes d’impact les plus importants sont les matières premières et la consommation électrique pendant la phase de vie en magasin.
S’APPROVISIONNER EN MATIÈRES PREMIÈRES
Souhaitant réduire l’impact environnemental de son activité, DIAM a décidé d’améliorer ses approvisionnements :
Avec des plastiques recyclés :
- L’un des leviers de baisse de l’impact environnemental de DIAM est l’objectif d’intégration de 80 % de plastiques recyclés dans ses produits d’ici à 2030,
- Par la mise en place d’un service d’économie circulaire, proposé à ses clients, lui permettant de réduire l’impact des meubles et d’avoir accès à une source de matière première secondaire.
Avec du bois, issu de forêts gérées durablement, qui séquestre du carbone longtemps :
- Le bois est pour DIAM la matière première la plus proche du « vivant ». DIAM a pour objectif de n’acheter que du bois certifié (FSC ou PEFC) d’ici 2025, mais cherche aussi à aller plus loin en influençant l’amont forestier vers des pratiques encore plus vertueuses,
Le bois utilisé dans la manufacture des présentoirs fait en effet face à des enjeux. Pour atteindre la visée régénérative, trois conditions majeures sont à prendre en compte :
- La gestion des forêts, en s’assurant que le bois provienne de forêts certifiées où l’exploitant prend en compte la gestion durable de la forêt à travers ses actions de replantation diversifiée,
- La réelle durabilité de l’objet en bois : si le bois est destiné à fabriquer un objet de courte durée de vie, et qu’il n’est pas revalorisé en fin de vie, l’utilisation du bois consomme plus de carbone que ce que l’arbre a pu séquestrer,
- L’usage de bois hautement transformé (MDF, mélaminé, lamellé collé,…) prive potentiellement les panneaux des bénéfices environnementaux de la matière première qu’est le bois, au regard de l’intensité énergétique de leur fabrication et des coproduits ajoutés (par exemple, les liants, les colles, les vernis,…).
UN PROJET DE TRANSFORMATION DU GROUPE DIAM : PASSER DE L'ÉPHÉMÈRE À UN MODÈLE CIRCULAIRE ET CRÉER UN RETAIL POSITIF
1ère étape clé : 2012
Membre du Pacte Mondial des Nations Unies (Global Compact en anglais)2 depuis 2012, la transparence et l’éthique des affaires sont un des enjeux majeurs de DIAM, avec les premières évaluations par des tiers. Le groupe est engagé depuis plus de 10 ans dans la mise en œuvre d’une stratégie RSE articulée autour de nombreux chantiers (tels que, par exemple, la réduction de ses consommations énergétiques et le développement des énergies renouvelables, l’évaluation de la qualité environnementale des produits au travers de la réalisation de premières ACV3 ou encore l’éco-conception de ses mobiliers).
2e étape clé : 2022
Au terme de son parcours à la CEC en 2022, DIAM a défini une feuille de route de transformation stratégique à horizon 2030 affichant de nouvelles ambitions. Dans cette démarche, deux axes de travail ont été identifiés comme leviers principaux de la transformation :
- Réduire les impacts environnementaux négatifs des produits, en développant l’écodesign, l’économie circulaire et en orientant son modèle économique vers l’usage, associé à des offres servicielles,
- Viser la génération d’impacts positifs sur le social et en travaillant à ce que ses achats de bois soient contributifs de captation carbone et de développement de la biodiversité.
Pour mieux comprendre le projet de transformation de DIAM, l’analyse plonge dans chaque dimension et détaille la nature des chantiers en cours ou à mener.
VOIR BEAUCOUP PLUS LOIN QUE LE CLIMAT ET INTÉGRER LA COMPLEXITÉ
#1 ADOPTER UNE VISION SYSTÉMIQUE
DIAM adopte désormais une approche plus systémique en incluant dans ses réflexions la biodiversité et le renforcement des services écosystémiques. Des actions sont à souligner dans ce cadre :
- Depuis 2018, DIAM fonde ses efforts d’écodesign sur une approche multi-factorielle intégrant tous les éléments d’impact environnemental (CO₂, biodiversité, toxicité, raréfaction des ressources, eau…) grâce à l’intégration dans les équipes de DIAM d’experts en analyses de cycle de vie et le développement d’un outil propre à DIAM. Une trentaine de chefs de projets de par le monde sont à présent capables de faire ces ACV, sous le contrôle d’experts référents.
- En 2024, DIAM a validé son engagement biodiversité auprès de « Act4Nature », qui préparera l’entreprise à l’engagement SBTN4, dans quelques années. En intégrant ces enjeux, DIAM réduit le risque de déplacement du problème pouvant survenir d’une approche exclusivement fondée sur des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, et que Bpifrance Le Lab appelle « le paradoxe de vouloir bien faire » dans son étude « Les PME et ETI face à l’urgence climatique » et qui explique justement qu’un focus uniquement sur le climat cache d’autres problématiques environnementales. Le lien vers l’étude est ci-dessous5.
- Le premier bilan d’impact sur la biodiversité a été effectué par DIAM entre 2021 et 2022. L’empreinte biodiversité du groupe DIAM en 2021 (équivalente à 48,4 millions PDF/km²/an6) se répartit ci-dessous. Ce bilan permet à DIAM de prioriser ses chantiers de sa transition socio-écologique : Plus généralement, l’approche systémique de DIAM se concrétise aussi dans la volonté de travailler avec différents acteurs de sa filière (clients, fournisseurs, acteurs du territoire), et du secteur, pour les engager au service d’un projet commun. Notamment, DIAM travaille à créer une filière de récupération et de recyclage spécifique des présentoirs, et notamment ceux qui sont petits et en plastiques, qui sont aujourd’hui très peu ou mal recyclés.
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#2 CRÉER DE LA VALEUR POSITIVE POUR LES PARTIES PRENANTES, LES ÉCOSYSTÈMES NATURELS ET LA SOCIÉTÉ
DIAM a incorporé le principe de « valeur positive » dans le concept de retail positif. Cela représente un défi car il ouvre des discussions et des réflexions totalement nouvelles au sein du Groupe : que signifie-t-il ? comment lui donner une consistance et une réalité objective en engageant toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur ?
De plus, DIAM a engagé un travail de cocréation avec ses clients et avec les acteurs de sa chaîne de valeur en questionnant, avec eux, les fonctions du magasin et la manière dont ils s’insèrent dans des systèmes imbriqués (un bâtiment, une rue, un quartier, une ville). DIAM a publié deux livres sur son approche d’écodesign, afin de partager à toute la profession ce qui à son avis est une approche sérieuse de durabilité. Le premier livre, « Less is more » se concentre sur les méthodologies d’évaluation d’impact environnemental (ACV) et donne des principes d’éco-
design applicables au secteur de DIAM.
Le deuxième livre va plus loin en ouvrant les yeux des lecteurs sur toutes les limites planétaires, sur les changements de modèles, comme l’économie de la fonctionnalité, et la reconnexion au vivant, comme passages nécessaires pour drastiquement améliorer les impacts environnementaux des entreprises du secteur. Ces livres en open-source aident à faire avancer les idées d’approche scientifique, de mesure et partagent des bonnes pratiques avec l’ensemble de la profession. Pour les Maisons clientes qui souhaitent aller plus loin et former leurs équipes à cette approche d’écodesign, DIAM propose des formations disposant de la certification Qualiopi.
DIAM coopère avec certains de ses concurrents et les marques pour mener ensemble des projets qui n’auraient individuellement pas suffisamment d’impacts. Parmi eux, la création de filières de revalorisation des produits et équipements des boutiques des clients.
Concernant les écosystèmes, la création d’impacts positifs pourrait se faire, à terme, à travers la mise en place d’un approvisionnement en bois développant des pratiques régénératives. L’étude de cas Tikamoon (lien ci-dessous7) évoque également les mêmes enjeux de filière, afin de s’assurer de la traçabilité des pratiques et de la gestion durable des écosystèmes forestiers.
#3 ÊTRE CAPABLE DE SE LIMITER, DE RENONCER
DIAM commence à ouvrir la réflexion en interne et avec les clients les plus avancés : quels sont les renoncements que DIAM est prêt à réaliser (avec un processus décisionnel de type « keep, stop, change » soit conserver, arrêter et/ou transformer, notamment en termes technologiques, de volumes et de marges ? Jusqu’où les clients sont-ils prêts à suivre dans ces renoncements bons pour les écosystèmes ? Les renoncements sont parfois bons pour l’écologie et le business. Pour DIAM, le renoncement peut être relativement simple, comme le travail qu’ils mènent pour amener leurs clients à considérer le « design freeze » sans freiner la créativité, ou complexe, comme le ralentissement des mises à jour ou la mise en œuvre de ruptures technologiques sur les objets éphémères.
SE RECONNECTER AU VIVANT8 TOUT AU LONGDE LA CHAÎNE DE VALEUR
« L’idée de “positif” d’apporter plus qu’on ne prend, reste volontairement relativement floue, car nous ne voudrions en aucun cas ni paraître faire du greenwashing, ni avoir une ambition trop faible par rapport aux enjeux planétaires actuels. On forme beaucoup autour de nous ; et face aux enjeux colossaux, il faut à la fois rester leader et rester modeste. » Françoise Raoul-Duval, CEO.
#4 RENFORCER LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES DE SOUTIEN ET DE RÉGULATION
Pour le groupe DIAM, le lien le plus direct avec le vivant est avec les écosystèmes forestiers à travers l’utilisation du bois avec lequel sont constitués les panneaux qu’ils utilisent pour fabriquer des meubles et agencer des magasins.
Pour cela, DIAM a un objectif clair de politique d’achats visant la zéro-déforestation, avec l’ambition que 100 % des produits dérivés du bois soient certifiés d’ici 2025 (label FSC9 ou PEFC si le label FSC n’est pas disponible et seulement dans un certain nombre de pays pour lequel le risque de déforestation et de mauvaises pratiques est faible). En 2023, DIAM était à 52 % de bois certifiés, contre 7 % en 2019.
Aujourd’hui, DIAM privilégie des matériaux comme le contreplaqué ou le MDF10 pour plusieurs raisons : ils se travaillent très facilement, ils offrent une véritable polyvalence et, côté finition, ils ont la capacité d’imiter de nombreux matériaux. Ils sont également très résistants à la déformation et à l’humidité. Des matériaux très performants donc, mais sans capacités régénératives, en raison du haut niveau de transformation du bois et des molécules toxiques utilisées (colles, solvants, …). Un travail est réalisé pour mieux choisir les fournisseurs et baisser les contenus en colle des panneaux achetés. L’idée de substituer les panneaux par du bois massif est dans les têtes, mais pose de nombreux problèmes techniques et économiques, bien connus des clients, qui rendent sa concrétisation difficile à court terme.
DIAM souhaite aller plus loin, en envisageant depuis le début de l’année 2023 de contribuer au développement d’une filière bois régénérative pour générer des impacts positifs. L’idée étant que les achats de panneaux de DIAM contribuent à capter plus de carbone qu’ils n’en émettent et à renforcer les services écosystémiques de soutien et de régulation, permettant ainsi le développement de la biodiversité. Cela ferait appel à des techniques forestières différentes, encore à évaluer, et à des partenariats amont et aval.
Ainsi, comment rendre cette filière bois régénérative viable économiquement ? La génération d’économies financières à travers le développement d’un modèle économique serviciel pourrait représenter une innovation pouvant potentiellement rendre le surcoût du régénératif11 viable financièrement (pour en savoir plus, se référer à la partie Transformer son modèle économique).
SE RECONNECTER AU VIVANT TOUT AU LONG DE LA CHAÎNE DE VALEUR
#5 CHERCHER UN ÉQUILIBRE ENTRE PERFORMANCE ET ROBUSTESSE
Sur un plan organisationnel, DIAM a fait le choix de limiter la taille de ses usines, pour rester sur une taille humaine (généralement une centaine de salariés par usine). Ceci pourrait être moins optimal sur un plan de production (moins de possibilités de faire des économies d’échelle), mais plus robuste car permettant des capacités de redondance entre les différentes usines. C’est aussi plus agile (plus proche d’un équilibre dynamique).
De même, les achats de matières se font en très grande majorité au niveau local, ce qui est sous-optimal par bien des aspects, mais permet une flexibilité et une plus grande robustesse en cas de disruption d’approvisionnement ou de logistique.
#6 UTILISER DES MOLÉCULES BIO-ASSIMILABLES12
Si certains fabricants peuvent passer facilement à des huiles ou à des produits de traitement végétaux, les conditions et l’environnement d’usage des meubles produits par DIAM rendent ces substitutions beaucoup plus difficiles à envisager, à cause des exigences esthétiques recherchées par les clients pour valoriser leurs produits et leurs marques, et également à cause de contraintes techniques liées aux environnements dans lesquels les produits de DIAM sont installés: les aéroports et les établissement recevant du public comme les magasins requièrent généralement des matériaux anti-feu, ce qui revient à appliquer un produit chimique sur le panneau de bois.
Un travail important d’écodesign a été fait par DIAM pour éliminer les colles et produits chimiques autant que possible. En corollaire, ça améliore la recyclabilité des produits. Les peintures utilisées par DIAM en agencement de magasin sont de plus en plus des peintures à l’eau et non des peintures solvantées.
DIAM suit l’évolution des matières disponibles sur le marché, avec une spécialiste dédiée à la veille sur les matières. De nombreux produits sont mis sur le marché, mais DIAM est encore trop souvent contrainte de devoir faire le tri entre les solutions vraiment moins impactantes et qui soient aussi disponibles à un volume, une qualité, un coût qui soient pertinents.
TRANSFORMER EN PROFONDEUR SON MODÈLE ÉCONOMIQUE
#7 RÉDUIRE DE MANIÈRE DRASTIQUE L’UTILISATION DES MATIÈRES PREMIÈRES ET DE L’ÉNERGIE
Depuis plusieurs années, DIAM met en oeuvre des actions concrètes visant à réduire sa consommation d’énergie, de matière et ses émissions de GES13. L'objectif de DIAM pour 2030 est de réduire de 46 % les émissions directes et les émissions liées aux matières premières et à l’utilisation des produits vendus par rapport à 2019.
La baisse de la phase d’usage des produits de DIAM, correspondant à la consommation électrique faite par les meubles pendant leur vie en magasin est un élément notable : ce poste représentait 40 % du bilan carbone de DIAM en 2019. En utilisant de nouvelles technologies disponibles et en développant un savoir-faire sur l’éclairage et l’efficacité lumineuse, DIAM a réussi à baisser d’un tiers ce poste (2023), malgré une forte croissance du chiffre d’affaires. Ce savoir-faire est intégré dans les produits de DIAM, et est maintenant un service additionnel (de conseil) que DIAM propose à ses clients.
Néanmoins, DIAM est consciente que ces réductions seules ne seront pas suffisantes : à iso-modèle économique, l’entreprise risque d’atteindre d’ici 2030 des seuils au-delà desquels il sera difficile de continuer à s’améliorer incrémentalement à la vitesse requise par la science. Fort de ce constat, DIAM a décidé d’engager début 2023 un travail stratégique exploratoire d’évolution de son modèle économique vers un modèle serviciel locatif « centré sur l’usage », qui se fonde notamment sur l’économie circulaire et l’économie de la fonctionnalité.
TRANSFORMER EN PROFONDEUR SON MODÈLE ÉCONOMIQUE
#8 ÊTRE CIRCULAIRE PAR DESIGN
Sur le sujet de la circularité, en 2021, DIAM a créé une nouvelle entité appelée B2D, spécialisée dans le recyclage des présentoirs en fin de vie. À la fin de vie en magasin, les présentoirs sont collectés par B2D, massifiés, désassemblés manuellement -généralement par des personnes en insertion sociale- et recyclés, autant que possible dans un cycle fermé de recyclage. Afin de faciliter le recyclage et la réutilisation, DIAM intègre dans la conception la facilité de désassemblage des présentoirs.
Cependant, pour le moment, le coût de cette récupération est plus important que la valeur des produits en eux-mêmes. Ceci n’est pas viable économiquement sur le long terme, sauf quand les clients acceptent de payer ce service alors qu’aujourd’hui ils ne paient généralement pas la fin de vie de leurs produits.
DIAM a donc intégré la circularité, qui est un élément clé dans le modèle serviciel locatif centré sur l’usage. Pour aller plus loin et radicalement baisser l’usage de ressources, plutôt que de vendre systématiquement ses productions, il s’agirait d’expérimenter la mise à disposition de Publicité sur le Lieu de Vente (PLV) à ses clients moyennant une facturation à l’usage.
Les bénéfices d’une telle approche seraient nombreux :
- Se désengager partiellement de la logique volumique, tout en offrant et en garantissant aux clients le
service souhaité ; - Sortir de la logique linéaire (extraction, production, élimination) en contrôlant le flux des matières et en faisant de l’éco-conception (allongement de la durée de vie, démontabilité, réparabilité, possibilité de retrofitting améliorée) ;
- Aligner les intérêts en termes de robustesse des fabrications et de durabilité des finitions ;
- Développer la réutilisation et la revalorisation des produits, ce qui permettrait d’allonger la durée de vie en faisant « tourner » les meubles sur plusieurs magasins ou marques, par exemple ;
- Réduire de manière significative la quantité de déchets générés et le besoin de matières premières vierges.
Cette approche permettrait également aux marques clientes de réduire les temps de développement si des modules plus « universels » étaient proposés et utilisés. De plus, elle garantirait aux clients que l’ensemble des éléments matériels soient correctement recyclés et valorisés, renforçant ainsi l’image de marque.
#9 ÊTRE ANCRÉ DANS LE LOCAL
Comme évoqué précédemment, DIAM, par son implantation internationale, a rapproché la production et la consommation à travers ses différentes unités, dans un modèle « local to local». Le modèle actuel est déjà régionalisé avec des productions sur mesure pour les marchés locaux à hauteur de 85 %. L’achat des matières premières est aussi régionalisé à hauteur de 95 %.
De nombreuses actions « sociales » s’inscrivant dans le maillage local sont faites par les sites de production.
DÉVELOPPER UNE GAMME DE PRODUITS OU SERVICES COMPATIBLES AVEC LE VIVANT
#10 ÊTRE SOBRE ET MULTIFONCTIONNEL
Le travail mené en matière d’éco-conception, conjointement au projet de développer une économie servicielle, a favorisé la démontabilité des produits, leur réparabilité et la possibilité de réutilisation, au moins d’une partie des composants. Avec des meubles plus « universels », (mais restant différentiants grâce à des techniques innovantes et sobres), que DIAM propose de plus en plus, seuls quelques éléments constitutifs varient, engendrant ainsi des économies de matières et une plus grande capacité à la réutilisation et au recyclage.
La piste des meubles pour le vrac existe déjà chez DIAM avec les fontaines à parfum. Le meuble est là pour sublimer le produit et différencier. L’univers du luxe a des codes particuliers et la promotion de nouveaux comportements tels que la vente en vrac de cosmétiques liquides ou solides, pour favoriser les contenants permanents et le zéro déchet peine encore à être adopté par les clients. Néanmoins, les fontaines à parfum suscitent un réel engouement et ont accéléré l’adoption des recharges par les consommateurs.
Parmi les actions de recherche de sobriété, nous retrouvons également le travail mené par DIAM afin d’arriver à un éclairage moins demandeur en énergie (tel qu’abordé dans le principe #7).
#11 CRÉER DES RELATIONS RÉCIPROQUES ET CO-ÉVOLUTIVES BASÉES SUR LA COOPÉRATION
Conscients que pour atteindre les objectifs ambitieux du SBTi il faut mobiliser tout l’écosystème, DIAM a renforcé la collaboration avec différents acteurs du secteur. Par exemple, l’entreprise propose son expertise aux marques et distributeurs pour calculer l’empreinte environnementale de leurs produits; ainsi que des formations à l’écodesign pour ses clients.
En partenariat avec l’association « Shop! » qui fédère des marques, des distributeurs, des fabricants du retail et de la PLV, DIAM a joué un rôle déterminant dans l’établissement d’une méthodologie d’analyse de cycle de vie (ACV) commune et d’un outil d’ACV accessible à l’ensemble du secteur.
Cela a également été l’occasion de partager les réflexions sur l’impact environnemental des présentoirs avec les marques et les distributeurs, et de former les équipes de différents clients à l’éco-conception et aux méthodologies d’évaluation d’impact.
Un guide de bonnes pratiques en matière d’éco-conception a également été réalisé sous la coordination de l’Institut du Commerce.
Par ailleurs, DIAM réalise des actions pour embarquer son écosystème de fournisseurs, notamment par des séances de sensibilisation aux enjeux environnementaux et sociaux et de co-construction avec ses fournisseurs-clés de matières premières, de sous-traitance et de finition de décor, présents en France.
PLACER L’HUMAIN AU COEUR DES TRANSFORMATIONS
#12 PARTAGER LA VALEUR MONÉTAIRE AVEC SES PARTIES PRENANTES ET POUR L’INTÉRÊT GÉNÉRAL
DIAM est un Groupe dont la culture est française et a souvent exporté le modèle de « participation des salariés ». Dans une grande partie des filiales, ce système permet de « partager » les bénéfices, en fonction de critères comme ceux utilisés pour l’ « intéressement et participation » en France. Par ailleurs, une très grande partie des managers, dont le Comité Exécutif du groupe ont des rémunérations avec un variable ou bonus en partie liés à la RSE, qui est un des cinq objectifs chaque année.
Enfin, le capital de l’entreprise est aujourd’hui ouvert à 150 managers investisseurs. Le fait que 150 managers clés soient aussi actionnaires aide à la fédération, à la motivation et à la rétention. La culture de l’entreprise est une culture d’entrepreneurs.
#13 CRÉER DES RELATIONS VIVIFIANTES
DIAM mène un projet visant explicitement un enjeu clé de la régénération, à savoir celui du renforcement des capacités d’action chez les individus, afin qu’ils puissent exprimer leur plein potentiel, renforcé ici par le travail de la matière vivante qu’est le bois.
À ce sujet, l’ébénisterie fait partie des corps de métier où des difficultés de recrutement sont rencontrées. Afin d’y pallier, DIAM envisage la création d’une école d’agencement interne (une école d’ébénisterie) pour développer une base d’artisans qualifiés, maintenir des savoir-faire et développer leur employabilité. Cette école permettrait de constituer un vivier de personnes formées aux exigences du métier au sein de DIAM.
Pour ses collaborateurs, DIAM a un programme d’innovation « kick-starter » pour qu’ils puissent proposer des projets d’innovation. Les collaborateurs dont le projet sera sélectionné pourront avoir du temps et des moyens pour développer le projet, ce qui contribue à l’expression de leur plein potentiel.
DIAM a un programme d’inclusion sociale qui permet aux personnes qui sont en général éloignées du marché de l’emploi (situation de handicap, sortie de prison, réfugiés, séniorité, etc) ou qui ont besoin d’adaptation de leurs conditions de travail pour faire face à des situations de vie particulières (travailleurs aidants) Par exemple, des employés qui aident une personne de leur famille pour faire face à la maladie ou la fin de vie, auront plus facilement des aménagements de leur temps de travail. DIAM a plus de 9 % de ses employés pour lesquels un effort particulier est fait pour leur inclusion.
D’une façon générale, DIAM véhicule une culture d’efficience, de bienveillance, d’exigence et de soin. Ils mènent notamment des programmes de formation et de développement des équipes, en coaching dédiés et en groupe.
1 : PLV : Publicité sur Lieu de Vente. L’acronyme PLV désigne l’ensemble des supports de communication utilisés sur les lieux de vente pour valoriser les marques, les messages ou les produits.
2 : Lien vers le site du Pacte mondial des Nations Unies
3 : ACV : analyse de cycle de vie
4 : Science Based Targets for Nature
5 : Les dirigeants de PME-ETI face à l’urgence climatique-BPI Le Lab (bpifrance.fr). Page 37
6 : PDF/km²/an = Fraction d’espèces potentiellement disparues sur x km² pendant 1 an = surface d’une forêt
luxuriante transformée en parking (0 biodiversité) en 1 an.
7 : Lien vers l’étude En chemin vers le régénératif, l’exemple de tikamoon
8 : Qu’est-ce que le vivant ? Le vivant correspond ici à tous les niveaux de complexité de vie sur Terre, de l’infiniment petit (cellules, bactéries..) à des niveaux plus grands tels que les organismes végétaux, les animaux, les écosystèmes naturels et jusqu’à l’ensemble des grands écosystèmes de la Terre (ou biomes) et la biosphère (ensemble de la vie sur Terre). La biodiversité (ou diversité de la vie) englobe la diversité des milieux naturels, des espèces végétales et animales, dont les êtres humains en font aussi partie. C’est la vie, où tous les organismes sont reliés et interdépendants, en interaction permanente et en équilibre dynamique.
9 : FSC : Forest Stewardship Council®, ou Conseil de Soutien de la Forêt) : label international garantissant que les bois utilisés se conforment aux procédures de gestion durable des forêts.
10 : Matériaux composites constitués de fibres de bois et d’un liant synthétique.
11 : Comparativement à une forêt gérée de manière intensive, une gestion forestière régénérative, dont le cahier des charges reste à spécifier, diversifierait les essences, ne ferait pas de coupe rase et de futaie régulière, mais du prélèvement sélectif, augmenterait la durée de maturité des arbres,… Tout cela serait de nature à induire des surcoûts par rapport à la sylviculture intensive classique.
12 : Bio-assimilables signifie que toutes les molécules peuvent être transformées ou assimilées par des processus naturels sans générer de pollution.