La réindustrialisation est un enjeu de souveraineté nationale, qui se joue à l'échelle locale. Notre précédente étude quantifie ces objectifs à l’échelle nationale et recueille la vision des français et des chefs d’entreprise sur le sujet.
En complément de l’action de l’Etat, les régions sont des acteurs clés pour atteindre ces objectifs. Avec leurs spécificités culturelles, géophysiques et historiques, elles ont chacune un rôle à jouer.
Retrouvez la déclinaison de notre étude sur la réindustrialisation pour la région Nouvelle Aquitaine. Elle se base sur :
- Des données macroéconomiques,
- Une cartographie du potentiel industriel du territoire,
- Plus de 200 interviews,
- Une enquête auprès de 2 828 industriels et 5 000 français.
La Nouvelle Aquitaine est en plein essor industriel
L’industrie manufacturière représente 10 % de l’économie de la région en valeur ajoutée. Elle connaît une forte croissance : entre 2017 et 2019, on a observé une création nette de 4 057 emplois industriels. Six zones d'emploi affichent un taux d'emploi industriel supérieur à 20 %.
La majorité de ses établissements industriels de plus de 10 salariés se concentrent dans les secteurs de l'agroalimentaire (32 %), de la métallurgie (15 %) et de la papeterie (13 %).
L’année 2023 en Nouvelle Aquitaine a connu 30 ouvertures nettes de sites industriels. 227 sièges de start-up industrielles, soit 9 % des sièges des 2523 start-up industrielles françaises sont implantés dans la région.
Son potentiel réside dans son offre de foncier et son attractivité, entre autres
La région est très pourvue en foncier
La région dispose de 496 Ha de sites clés en main (contre 171 en moyenne par région) mais de seulement 133 Ha de foncier économique (contre 236 en moyenne par région).
La région est marquée par une certaine disparité entre les territoires qui la composent. Quatre zones d’emploi concentrent la totalité des sites clés en main : Pau (277 Ha), Angoulême (177 Ha), Tulle (25 Ha), et Niort (17 Ha). Pau concentre également la grande majorité du foncier économique de la région (84 Ha). Les activités fluviales sont quant à elles davantage réparties entre les zones d’emploi (13 zones d’emploi sont reliées à des ports).
Certaines zones de la région sont très attractives
La région dispose d’une grande attractivité résidentielle, à en juger par le solde migratoire qu’elle affiche. Entre 2014 et 2020, le solde équilibrant les arrivées et les départs s’élève à 25 532. Cette attractivité est toutefois très hétérogène au sein de la région : par exemple, Bordeaux et Bayonne affichent des soldes migratoires positifs tandis que Guéret affiche un solde négatif.
La Nouvelle Aquitaine mise sur les talents de demain
La région compte 5 710 étudiants en dernière année de formation professionnelle ou BTS dans des domaines liés à l'industrie, représentant ainsi 8 % des talents du pays. Cela est notamment dû aux formations spécialisées proposées par les IUT, telles que la logistique, la gestion de production industrielle, la science des matériaux, les compétences pratiques en mécanique, la qualité et la maintenance industrielle.
Que pensent les habitants et dirigeants néo-aquitains de l'industrie dans leur territoire ?
Les industriels néo-aquitains reflètent l’hétérogénéité de la région, pour 54 % d’entre eux leur territoire n’est pas, ou plus un grand territoire industriel. Quand les 47 % restants pensent que leur tissu industriel est solide, du moins dans certains secteurs clés.
Les habitants se montrent très ouverts à rejoindre le secteur industriel. En effet, 69 % des personnes interrogées affirment qu'elles accepteraient un nouvel emploi dans l'industrie si elles étaient à la recherche d'une opportunité professionnelle.
Un territoire aura beau avoir du potentiel pour accueillir l’industrie, il restera à convaincre les riverains pour pouvoir s’y implanter : dans la région, cette acceptabilité est forte pour les secteurs de la pharmacie/santé, de l’électrique et électronique et de l’agroalimentaire. Les tendances sont similaires au niveau national et il est possible que les secteurs les plus acceptés soient ceux considérés globalement comme les moins dangereux.
89% des industriels néo-aquitains sont attachés à leur région
89 % des dirigeants de la Nouvelle Aquitaine se disent attachés à leur territoire. Un chiffre aligné avec la moyenne nationale qui se situe à 86 %. Ils emploient les talents qui y résident et sont ainsi très conscients que tout déménagement impliquerait une perte de compétences.
79% des industriels de Nouvelle Aquitaine prévoient une croissance de leur CA
79 % des dirigeants de la Nouvelle Aquitaine prévoient une croissance de leur chiffre d’affaires dans les trois ans à venir. Ce chiffre est supérieur à la moyenne nationale qui se situe à 75 %.
Parmi les industriels sondés exprimant des prévisions de croissance pour leur activité, 57 % traduisent leur stratégie de croissance en un projet de nouvelle implantation. Ils privilégient avant tout les extensions de site.
Les dirigeants de la Nouvelle Aquitaine sont davantage intéressés par le moyen et grand foncier que le reste des dirigeants français :
- 61 % à déclarer avoir besoin de moins de 2 Hectares (vs 69 % au niveau national).
- 23 % d’entre eux déclarent avoir besoin de 2 à 5 Ha (vs 19 %).
- 17 % déclarent également avoir besoin de plus de 5 Ha (vs 12 % ).
Les industriels identifient les compétences comme premier frein à la croissance
La pénurie de compétences, la raréfaction du foncier et le manque d’infrastructures adaptées sont les trois principales préoccupations des industriels en France et en Nouvelle Aquitaine.
Les industriels de la Nouvelle Aquitaine citent la pénurie de foncier comme deuxième frein aux projets industriels. Notre exercice de cartographie a montré que le foncier immédiatement disponible ne fait pas partie des atouts de la région. Cependant, du foncier à venir reste dans la région, la question de la mise en avant de ce foncier disponible aux industriels intéressés se pose.