La réindustrialisation est un enjeu de souveraineté nationale, qui se joue à l'échelle locale. Notre précédente étude quantifie ces objectifs à l’échelle nationale et recueille la vision des français et des chefs d’entreprise sur le sujet.
En complément de l’action de l’Etat, les régions sont des acteurs clés pour atteindre ces objectifs. Avec leurs spécificités culturelles, géophysiques et historiques, elles ont chacune un rôle à jouer. Notre étude se base sur :
- Des données macroéconomiques,
- Une cartographie du potentiel industriel du territoire,
- Plus de 200 interviews,
- Une enquête auprès de 2 828 industriels et 5 000 français.
La région Normandie a un rôle à jouer vis-à-vis de l’ambition nationale de réindustrialisation. Elle possède des atouts uniques, notamment une main-d’œuvre qualifiée et des infrastructures adaptées. D’après notre étude, les dirigeants d’entreprises industrielles dans la région sont hautement attachés à leur territoire.
L’industrie représente 17,6% de la valeur ajoutée produite en Normandie
Elle a enregistré 24 ouvertures nettes de sites industriels en 2023. Des entreprises renommées, telles qu’Hermès et OGreen Lab, investissent dans la région, témoignant ainsi de son attractivité. Cette tendance est d’autant plus significative que la région se distingue par un taux d’emploi industriel parmi les plus élevés de France, avec neuf zones d’emploi affichant un taux supérieur à 20 %
Les secteurs de l’agroalimentaire, de la métallurgie et de la plasturgie représentent plus de 55 % des établissements industriels
L’agroalimentaire, avec 26 % des établissements de plus de 10 salariés, transforme les productions agricoles locales, telles que le lait et la viande. Ce secteur est non seulement vital pour l’économie régionale, mais il bénéficie également d’une forte acceptation par les habitants, ce qui favorise son développement. La métallurgie et la plasturgie, quant à elles, tirent parti de leurs complémentarités avec d’autres industries, comme la pétrochimie et la défense, renforçant ainsi leur position dans le paysage industriel normand.
La région est la moins exposée aux risques environnementaux
La région se démarque particulièrement par son fort capital environnemental. La Normandie est peu exposée aux risques environnementaux mis à part les inondations. Elle est la région la moins sujette aux événements de sécheresse, aux mouvements des argiles et aux vagues de chaleur. Elle est très peu exposée aux feux de forêt.
4 180 talents industriels sont formés en Normandie
En 2022, la Normandie a formé 4 180 élèves dans des cursus liés à l’industrie, représentant 6 % des talents du pays (hors cursus ingénieur). Les grandes villes comme Rouen et Caen forment à elles seules la moitié des diplômés, grâce à leurs IUT et autres établissements de formation. Ce vivier de compétences est essentiel pour répondre aux besoins croissants des entreprises industrielles, garantissant ainsi une main-d’œuvre qualifiée pour soutenir la croissance du secteur.
Malgré ces atouts, la Normandie souffre d’un solde migratoire négatif
Sur le critère de qualité de vie, l'indicateur de la région est plus bas que la moyenne nationale. Cette différence s’explique notamment par une plus faible diversité des commerces dans les communes de la région et un accès aux soins de santé plus limité.
Cette attractivité résidentielle est toutefois très hétérogène au sein de la région. Des zones comme Rouen et Caen attirent de nouveaux habitants grâce à leur réseau de transports développé et à des services de santé satisfaisants. Ces villes offrent un cadre de vie attractif, ce qui pourrait contribuer à inverser cette tendance à long terme.
Certaines industries, comme la pharmacie et l’automobile, sont plus appréciées en Normandie qu’au niveau national
Ils totalisent respectivement 55 % et 24 % d’acceptation. L’agroalimentaire, qui est fortement présent, bénéficie également d’une image positive auprès des habitants. Cette acceptation est cruciale pour attirer de nouvelles entreprises et soutenir la croissance des secteurs clés, renforçant ainsi l’économie régionale.
73 % des normands sont prêts à accepter un emploi dans l’industrie
Cela témoigne d’une image positive de ce secteur, renforcée par les récentes ouvertures et investissements, comme ceux de Murata à Caen. Cette volonté d’intégrer le secteur industriel est un atout majeur pour la région.
92 % des dirigeants normands se déclarent attachés à leur territoire
Ce chiffre dépasse la moyenne nationale de 86 %. Cet attachement est souvent lié à des racines personnelles et à une volonté de maintenir les compétences locales. Les dirigeants privilégient l’implantation de nouveaux projets à proximité de leurs sites existants, soulignant l’importance des relations locales pour le développement industriel.
Les industriels normands sont confiants en l’avenir, 78 % prévoient une croissance de leur activité
La majorité d’entre eux envisage d’étendre leurs sites existants plutôt que de déménager, ce qui témoigne d’une volonté de renforcer la présence industrielle dans la région et de capitaliser sur les atouts locaux.
Les industriels expriment un besoin de petit foncier pour leurs projets
En effet, 71 % déclarent avoir besoin de moins de 2 hectares. Cependant, l’enquête révèle également que 54 % des industriels identifie la raréfaction du foncier comme un frein local à leurs projets. La région n’étant pas dépourvue en foncier, ces paramètres soulignent l’importance d’organiser efficacement la rencontre de l’offre et la demande en matière de foncier pour favoriser la réindustrialisation. La pénurie de compétences et le manque d’infrastructures adaptées sont également des préoccupations majeures des dirigeants industriels, nécessitant une attention particulière pour garantir le succès des initiatives industrielles en Normandie.