La réindustrialisation est un enjeu de souveraineté nationale, qui se joue à l'échelle locale. Notre précédente étude quantifie ces objectifs à l’échelle nationale et recueille la vision des français et des chefs d’entreprise sur le sujet.
En complément de l’action de l’Etat, les régions sont des acteurs clés pour atteindre ces objectifs. Avec leurs spécificités culturelles, géophysiques et historiques, elles ont chacune un rôle à jouer. Notre étude se base sur :
- Des données macroéconomiques,
- Une cartographie du potentiel industriel du territoire,
- Plus de 200 interviews,
- Une enquête auprès de 2 828 industriels et 5 000 français.
Les Hauts-de-France, c’est 9 % de la Valeur Ajoutée industrielle totale de la France en 2021
La région occupe donc une place importante dans l’industrie française. Dans les Hauts-de-France, les secteurs de l'agroalimentaire (25 %) et de la métallurgie (19 %) regroupent le plus grand nombre d'établissements industriels de plus de 10 salariés.
Sur la période 2015-2022, la région a connu une baisse de -3,7 % sur les emplois industriels.
La région abrite de nombreuses entreprises de transformation agroalimentaire qui exploitent la production agricole locale. Par exemple, Novandie à Boulogne-sur-Mer se spécialise dans les produits laitiers, tandis que Bonduelle à Saint-Quentin se concentre sur la transformation et la conservation des fruits et légumes.
Les Hauts-de-France ont une longue histoire industrielle, en particulier dans le secteur de la métallurgie. Aujourd'hui encore, la région accueille de grands groupes tels que ArcelorMittal à Dunkerque pour la sidérurgie et Vallourec à Maubeuge pour la fabrication de tubes.
Les hauts-de-France est la région la plus pourvue en capital humain
En 2022, la région forme 7 118 élèves en dernière année de cursus en voie professionnelle ou BTS dans des formations liées à l'industrie, soit 9 % des talents du pays*, notamment grâce aux IUT offrant des formations spécialisées (logistique et gestion de production industrielle, science des matériaux, compétences pratiques en mécanique, qualité, maintenance industrielle). La deuxième réserve de main d’œuvre potentiellement disponible pour l’emploi industriel émane des demandeurs d’emploi. Dans les Hauts-de-France, le taux de chômage s’élève à plus de 9 % (contre 7 % en moyenne nationale).
Les Hauts-de-France ont beaucoup de foncier et d’infrastructures logistiques
La région se distingue particulièrement par ses larges zones de foncier : 229 Ha de sites clé en main contre 171 en moyenne par région, et 658 Ha de foncier économique contre 236 en moyenne par région.
Elle dispose aussi d’infrastructures qui la connectent à d’autres territoires, notamment des infrastructures portuaires qui facilitent le transport maritime des marchandises. Comme le port de Calais qui permet un accès direct à l’Angleterre, le port de Dunkerque qui est le troisième port français en termes de trafic, et le port de Boulogne-sur-Mer qui est le premier en nombre de débarquements.
L'écosystème industriel des Hauts-de-France est conséquent
La région Hauts-de-France est stratégiquement positionnée au carrefour de plusieurs marchés européens, notamment ceux de l'automobile et du ferroviaire.
Son écosystème industriel est solide, l’industrie représente 12% des emplois de la région, légèrement au-dessus de la moyenne nationale. Les villes de Maubeuge et Saint-Omer se distinguent avec un taux d'emploi industriel supérieur à 20%.
De plus, la région compte sept sites industriels parmi les 100 plus grands de France :
- Arkema à Villiers-Saint-Paul,
- Thales à Lambersart,
- Alstom Transport à Petite-Forêt,
- Dassault Aviation à Seclin,
- Faurecia Intérieur industrie à Auchel,
- Air Liquide à Douai,
- Et O-I France à Wingles.
Selon les industriels, l’industrie des Hauts-de-France est résiliente
Les industriels perçoivent généralement une industrie résiliente dans leur territoire, malgré la désindustrialisation passée. La région connaît actuellement une dynamique positive avec l'ouverture de plusieurs gigafactories, ce qui renforce cette perception chez les dirigeants. Cependant, plus de la moitié des habitants ne considèrent pas leur territoire comme un grand territoire industriel.
84 % des industriels des Hauts-de-France sont attachés à leur territoire
84 % des industriels des Hauts-de-France ont un fort attachement à leur territoire. Cet attachement est en partie lié à l'histoire personnelle des dirigeants avec la région. En effet, parmi les dirigeants attachés à leur territoire, 62 % d'entre eux y ont grandi. Les industriels sont également attachés à leur territoire car ils emploient des talents locaux. Ils sont conscients qu'un déménagement entraînerait une perte de compétences.
Les industriels des Hauts-de-France ont besoin de moins de 2 hectares pour réaliser leurs projets d’implantation
70 % des industriels de la région prévoient une croissance de leur activité dans les trois prochaines années. Près de 53 % des industriels interrogés en Hauts-de-France qui prévoient de la croissance la traduisent en de nouveaux projets d’implantation en France dans les prochaines années, principalement des extensions d’usines nécessitant moins de 2 hectares par projet.
La pénurie de compétences, la raréfaction du foncier et le manque de lieux de vie pour les collaborateurs demeurent les principales préoccupations des industriels
Selon les chefs d'entreprise de la région Hauts-de-France, la pénurie de compétences est le principal obstacle (81%) pour les projets industriels. La rareté des terrains disponibles est le deuxième obstacle local identifié par les industriels de la région Hauts-de-France (44%). D'autres obstacles identifiés au niveau national, tels que le manque d'infrastructures adaptées, sont considérés comme moins prioritaires en Hauts-de-France (28%).