L'accompagnement des entrepreneurs : l'ambition entrepreneuriale et l'accompagnement en QPV
Nous vous proposons de découvrir les spécificités de l'accompagnement des entrepreneurs issus des QPV en deux grands points. QPV = quartiers prioritaires de la ville
Point 1 : l'ambition entrepreneuriale...
...est une dynamique qui s'érode dans le temps
- Lorsque les entrepreneurs des quartiers créent leur entreprise (en comparaison avec les porteurs de projet hors QPV) ils sont relativement moins focalisés sur l'objectif d'assurer leur propre emploi, et plus sur celui d'en développer. C'est leur objectif principal pour 64% d'entre eux (source : Bpifrance Le Lab d'après SINE INSEE, données entreprises 2014, en pourcentages du nombre de répondants hors micro-entrepreneurs) ;
- On constate une évolution de leurs perspectives pour leur entreprise, 4-5 ans après la création, qui sont de développer leur chiffre d'affaires pour 44% d'entre eux, de stabiliser la situation actuelle pour 31% d'entre eux, d'améliorer la rentabilité pour 22% d'entre eux, puis de développer leurs effectifs (11%), redresser une situation difficile (8%) et enfin de fermer leur entreprise (7%) (source TMO Régions pour Bpifrance Le Lab, enquête réalisée auprès de 700 dirigeants d'entreprises qui ont entre 4 et 5 ans d'existence)
...une vulnérabilité plus forte face aux risques
Alors que les entreprises issues des quartiers prioritaires ont autant de chances de survie à trois ans que les autres, on mesure pourtant une plus grande fragilité face aux difficultés du parcours entrepreneurial.
- La force des quartiers en matière de résilience entrepreneuriale (détermination, persévérance, énergie), ne suffit pas à maintenir les ambitions des entrepreneurs à la création ;
- Les difficultés dans les QPV (environnement socio-économique, marché limité, faibles investissements de départ, accès aux services bancaires plus restreints) semblent peser davantage au fur et à mesure du développement de l’entrepreneur des quartiers qui se sentent ainsi plus vulnérables que les autres face à leurs difficultés. Les obstacles qu'ils rencontrent sont vécus comme mettant en risque la société pour 59 % d’entre eux, contre 41 % hors quartiers.
Une différence de perception qui est loin d’être négligeable !
Point 2 : l'accompagnement dans les QPV...
Ni "plus", ni "moins" accompagnés malgré un besoin plus prononcé
36 % des entrepreneurs des QPV déclarent avoir le sentiment qu’ils ont manqué de conseils pour mettre en place leur projet, contre 22 % hors des quartiers. Et plus spécialement, lors de la phase du montage du projet.
Un des facteurs explicatifs repose dans le fait que les structures d'accompagnement sont surtout présentes pour le stade de la création.
- L'information est disponible et encadrée au moment de la création de l'entreprise, mais elle devient insuffisante lorsqu'il s'agit d'accompagner sur les spécificités des activités ;
- L'accompagnement manquerait lui-même d'ambition pour aider les entrepreneurs à "voir plus grand et plus loin" dès le départ.
Des entrepreneurs "hors des radars"
Nous avons constaté dans nos résultats chiffrés qu'il y a une sous-utilisation du potentiel d'accompagnement. Comment l'expliquer ? Le manque de lisibilité de l'offre, la nébuleuse des structures d'accompagnement (changement des interlocuteurs, aucune aide ni connaissance communiquée aux entrepreneurs des QPV, difficultés à s'y repérer)
Pourquoi cette étude "Entreprendre dans les quartiers : libérer tous les potentiels" ?
Cette étude sur l’entrepreneuriat dans les quartiers fait suite à une première publication de Bpifrance Le Lab et Terra Nova datant de 2016. Elle reposait sur une méthodologie combinant une analyse quantitative des entreprises présentes dans les zones urbaines sensibles (ZUS) et un sondage réalisé par Opinion Way auprès de 500 entrepreneurs des ZUS. À la différence de l’étude de 2016, notre nouvelle étude se concentre sur la phase particulière de création d’entreprises des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Cette phase dure entre 0 et 5 ans. Les premières années étant souvent les plus difficiles à passer pour une entreprise, elles sont décisives pour sa pérennité et sa longévité.
La première étude de 2016 ne portait pas sur une phase particulière du cycle de vie d’une entreprise contrairement à celle-ci. Ainsi, notre nouvelle approche utilise les données SINE INSEE, spécifiques à la création d’entreprise et dont nous avons exclu cette fois les filiales de grands groupes. De plus, nous avons mené un nouveau sondage avec TMO Régions auprès de 700 entrepreneurs dont 50 % sont situés en QPV. Nous en tirons des enseignements nouveaux et complémentaires à notre précédente étude.
Ce changement de méthodologie explique des résultats qui pourraient sembler contradictoires entre nos deux études. Nous invitons donc le lecteur à la prudence s’il souhaite les rapprocher ou les comparer.
Si la thématique de l'entrepreneuriat dans les quartiers retient votre attention, vous pouvez retrouver les autres contenus de notre étude "Entreprendre dans les quartiers : libérer tous les potentiels" ci-dessous, ou depuis la barre de recherche de notre site Internet !