Pourquoi cette étude sur les seniors entrepreneurs ?
Vieillissement de la population, débat sur la réforme des retraites… Les enjeux de la séniorité sont remis à l’agenda. Pourtant, l’entrepreneuriat des seniors reste peu étudié, souvent invisibilisé, voire freiné par des stéréotypes âgistes.
Pour cette étude, les experts de Bpifrance Le Lab ont mis en place une double méthodologie :
- Une enquête auprès de 1 392 entrepreneurs,
- 29 entretiens avec des experts,
- 28 entrepreneurs interviewés.
Par cette étude, Bpifrance Le Lab décrit un phénomène entrepreneurial discret mais massif. Elle a pour ambition de faire évoluer le regard porté sur cette génération qui entreprend autrement, avec de l’expérience, du sens, et une ambition renouvelée.
50 % des entrepreneurs ont entre 47 et 61 ans
Depuis une décennie, la part des entrepreneurs de plus de 50 ans ne cesse d’augmenter. Cette tendance est portée par plusieurs dynamiques : un allongement des carrières qui encourage à prolonger l’activité professionnelle et une difficulté accrue à retrouver un emploi salarié après 50 ans, qui pousse certains à créer leur propre entreprise.
Selon l’étude Le Lab, 25 % des entrepreneurs seniors ont lancé leur activité après une carrière en entreprise, et 21 % après un passage dans la recherche ou l’enseignement. Ces chiffres montrent que l’entrepreneuriat n’est pas une voie de secours, mais un véritable choix pour grand nombre de seniors !
Les seniors qui entreprennent disposent d’un avantage clé par rapport aux plus jeunes : l’expérience.
Après plusieurs décennies dans le monde du travail, les séniors possèdent un savoir-faire précis, une connaissance approfondie de leur secteur et surtout, un réseau professionnel solide. Ainsi, 64 % d’entre eux s’appuient sur des contacts développés tout au long de leur carrière, facilitant les partenariats et l’accès aux premiers clients. 62 % des entrepreneurs seniors étaient cadres dirigeants avant de se lancer, ce qui leur confère une expertise précieuse pour structurer leur entreprise. Enfin, ayant souvent une situation financière plus stable, ils peuvent prendre des décisions réfléchies et sécurisées, minimisant les risques inhérents à la création d’entreprise.
Carole Aflalo, fondatrice et CEO de CarryMe déclare : « Je ne me voyais absolument pas enfiler des perles à 62 ans ! J’ai besoin d’avoir une activité qui m’anime, me passionne et faire de nouvelles rencontres intergénérationnelles. Être senior, c’est avoir une expertise qui inspire confiance à tes clients, tes partenaires, tes prestataires et à tes salariés quel que soit leur âge. »
Les séniores entrepreneures rencontrent plus de difficultés à trouver des financements non-bancaires que leurs homologues masculins
Si l’accès au crédit bancaire ne semble pas poser de problème majeur aux entrepreneurs seniors, la levée de fonds reste un défi, en particulier pour les femmes. En effet, les séniores entrepreneures ne bénéficient pas de financements dédiés et pâtissent de biais persistants dans l’écosystème de l’investissement. Les investisseurs hésitent encore à parier sur des projets portés par des femmes seniors, ce qui freine leur développement.
Pour résultat, seules 25 % des entreprises dirigées par des femmes seniors comptent plus de 10 salariés, contre 51 % pour leurs homologues masculins.
Pourtant, leur taux de réussite est tout aussi élevé, sinon supérieur, à celui des autres profils d’entrepreneurs.
Une entrepreneure témoigne : « En levée de fonds, on sent encore le regard condescendant. Mais on ne se laisse pas marcher sur les pieds ! »
28 % des seniors créent avec une mission sociale ou environnementale
Au-delà de la simple réussite économique, les entrepreneurs seniors cherchent souvent à donner du sens à leur projet. Loin d’une vision purement lucrative, ils intègrent des dimensions sociales et environnementales dans leur modèle d’affaires. Cet engagement est particulièrement marqué chez les femmes entrepreneures seniors, qui sont plus nombreuses à développer des initiatives à vocation sociétale.
Cette orientation vers des projets à impact montre que l’entrepreneuriat senior n’est pas seulement un phénomène économique, mais aussi un levier de transformation sociale.
Une autre entrepreneure explique : « Ce qui me nourrit, c'est apporter quelque chose aux autres. Cela passe par l’entraide, être responsable sur les plans environnemental et sociétal et au passage faire de belles rencontres, ça fait partie de mes valeurs. »
Vers un changement de regard sur l’entrepreneuriat senior ?
L’entrepreneur senior voit son horizon s’élargir avec l’âge. L’étude met en avant plusieurs constats clés :
• L’expérience est un atout, pas un frein ;
• Les seniors entreprennent par choix et non par défaut ;
• Et l’entrepreneuriat senior constitue un levier de croissance pour l’économie française.
Créer une entreprise après 50 ans n’est donc pas une utopie mais une véritable opportunité. Les seniors prouvent qu’ils savent innover, s’adapter et réussir. Reste désormais à faire évoluer le regard porté sur cette nouvelle génération d’entrepreneurs, qui n’a pas dit son dernier mot !
Données de l'étude
Cette série de données anonymisées vous présente les résultats bruts de l’enquête « ENTREPRENEURIAT DES SENIORS » réalisée auprès de 1 347 dirigeants, au travers d’un questionnaire administré entre novembre 2023 et février 2024.
Si vous souhaitez recevoir toutes les données anonymisées de l’étude, vous pouvez contacter Jérémy Belage et lui adresser votre demande par mail à l’adresse suivante : jeremy.belage@bpifrance.fr