Les entrepreneurs de plus de 50 ans craignent d’être discriminés…
D’après notre enquête, 64 % des entrepreneurs de plus de 50 ans considèrent que leur âge pourrait être un frein auprès des banques. Ce chiffre grimpe à 68 % pour les plus de 60 ans. Ils sont près de la moitié à redouter que leur âge complique une levée de fonds. Ces chiffres témoignent d’un sentiment de défiance intériorisé, nourri autant par les stéréotypes que par le manque de représentation dans les success stories entrepreneuriales.
…Mais accèdent facilement au financement
Dans les faits, aucun écart statistiquement significatif n’est observé entre les seniors et les non-seniors en matière d’accès au crédit ou aux investisseurs. 41 % des entrepreneurs interrogés déclarent un accès « facile » ou « très facile » au prêt bancaire, sans différence selon l’âge. Même constat du côté de la levée de fonds : seuls 20 % jugent l’exercice facile, mais là encore, l’âge ne semble pas être le facteur différenciant. Les véritables déterminants sont ailleurs : la taille de l’entreprise, son ancienneté, ou encore la nature du projet porté.
L’expérience des entrepreneurs seniors est un capital encore sous-exploité
Loin d’être un obstacle, l’âge est un atout économique. Les entrepreneurs seniors tirent profit d’une triple force : leur expérience, leur réseau, et souvent une situation familiale plus solide. Leur parcours inspire confiance aux financeurs : « Aujourd’hui, je vends du cheveu blanc ! Ça rassure beaucoup », Olivier Mardi, un entrepreneur senior interrogé. Loin de l’image du senior isolé, 62 % des plus de 50 ans s’impliquent activement dans l’écosystème entrepreneurial. Ce réseau de contacts renforce leur crédibilité et leur permet d’avancer plus vite.
Préparer la transmission de l’entreprise est un enjeu critique
Un point de vigilance subsiste néanmoins : la transmission d’entreprise devient un enjeu critique passé 60 ans. Banquiers et investisseurs accordent une attention particulière à la capacité de relais générationnel. En d'autres termes, un entrepreneur senior bien entouré, avec une équipe structurée et un plan de succession, aura plus de chances de convaincre un financeur. À défaut, l’âge peut devenir un facteur de risque, non en soi, mais par son lien avec une incertitude sur l’avenir de la structure.
Les femmes seniors font face à une double peine
Sous-représentées dans l’entrepreneuriat, les femmes sont en réalité nombreuses à se lancer après 50 ans. Ce report s’explique par des parcours marqués par la recherche de stabilité et les charges familiales. Mais en accédant tardivement à l’entrepreneuriat, elles se heurtent à une double peine : être une femme et être senior. Ainsi, elles rencontrent plus de difficulté à lever des fonds que leurs homologues masculins (30 % contre 19 %).
L’âge, un faux problème ?
L’étude de Bpifrance Le Lab change notre façon de voir les choses : l’âge ne constitue ni un avantage, ni un frein objectif en matière de financement. Ce sont les caractéristiques du projet, la structuration de l’équipe, et l’historique professionnel qui pèsent dans la balance. Le défi réside donc moins dans l’accès aux ressources que dans la lutte contre les représentations – y compris celles des entrepreneurs eux-mêmes. En définitive, il ne s’agit pas d’avoir le bon âge pour entreprendre, mais de construire le bon projet, avec la bonne équipe, au bon moment.