Frédéric Delloye, directeur général d'Anaïk témoigne sur sa gestion de la crise
"Il apparaît indispensable de fixer un cap clair et cohérent pour tous"
Anaïk est une entreprise à mission dédiée à l'accompagnement des marques dans leur stratégie promotionnelle. Experte de l'accessoire, l'entreprise développe également une ligne de sac et accessoires de mode à destination du grand public.
Le Lab : Comment la crise vous a-t-elle impacté ces derniers mois ?
Frédérice Delloye : "Je n’échappe pas à la fatigue qui a gagné l’ensemble des personnes impliquées dans les entreprises. Nous avons tous dû consentir à un effort d’adaptation particulièrement violent et rapide. Beaucoup d’énergie et de temps ont ainsi été mobilisés et même si nous n’y pensions pas dans le cœur de l’action, la fatigue se ressent après coup."
Le Lab : Quels éléments préexistants vous ont aidé à affronter la crise ?
Frédérice Delloye : "Quand on est chef d’entreprise, on a le goût du risque, mais on est aussi soucieux d’éviter les risques synonymes de dangers trop importants. Dès l’instant où j’ai senti que les difficultés pouvaient s’accumuler, j’ai travaillé sur des scénarios de crise. Cela m’a permis de me projeter dans la suite avec des repères pertinents."
Le Lab : Quels éléments ont pu vous faire défaut au cours de la crise ?
Frédérice Delloye : "Ce qui m’a fait défaut, c’est une capacité d’adaptation immédiate. Le premier mois du confinement, j’étais déboussolé car je venais de fermer l’entreprise et je me retrouvais chez moi, isolé. Sans personne avec qui échanger, je ne savais plus quel était mon métier et ce que je devais faire. J’ai eu du mal à trouver mes nouvelles marques au début.
C’était compliqué de ne plus avoir d’équipe autour de moi. Rien ne peut remplacer un bonjour ou un échange informel pour nouer des relations au sein de l’entreprise."
Le Lab : Identifier une stratégie pour l’après crise est-il une chose essentielle pour vous ?
Frédérice Delloye : "Même au plus fort de la crise, je n’ai jamais renoncé à développer le projet de l’entreprise. Je n’attends pas de voir quand le contexte sera le plus propice, je considère qu’il faut tout de suite se lancer pour regagner au plus vite des parts de marché. La crise a joué le rôle d’accélérateur pour certaines transformations de l’entreprise."
Le Lab : Qu’est-ce que la crise du Covid-19 a révélé en vous, en tant que dirigeant ?
Frédérice Delloye : "J’ai démontré une certaine capacité à prendre des décisions structurantes sans attendre de jours meilleurs. La crise a réveillé des réflexions en moi qui m’ont incité à agir vite. La situation de l’entreprise était analysée chaque semaine et je me suis appuyé sur ces données régulièrement actualisées plutôt que sur un vague optimisme pour prendre des décisions énergiques."
Le Lab : Quels sont selon vous les déterminants d’une bonne gestion de crise ?
Frédérice Delloye : "Il me semble nécessaire de s’entourer. En période de crise, on a toujours besoin d’échanger et d’élargir ses perspectives pour trouver des solutions adéquates. Il faut consulter des avis variés, pour ensuite en disposer à sa convenance.
Il apparaît indispensable de fixer un cap clair et cohérent pour tous. L’ensemble des parties prenantes de l’entreprise forment une communauté en mouvement. Si les collaborateurs et la direction partagent le même cap et le conservent malgré les turbulences, cela favorise la prise de décision et la mise en œuvre de décisions structurantes, à la fois pour gérer l’urgence et pour préparer le rebond de l’entreprise."
Le Lab : Quels peuvent être les mauvais réflexes d’un dirigeant en période de crise ?
Frédérice Delloye : "Un mauvais réflexe aurait pu être de concentrer toute mon attention sur la trésorerie en oubliant le reste. Si certains y étaient contraints par la force des choses, pour d’autres, cela tenait plus du mauvais réflexe. Chez les dirigeants, la sensibilité à l’argent ne doit pas masquer celle liée à l’équipe et au projet. Le prisme financier et économique est bien sûr très important, mais en période de crise, d’autres éléments comptent tout autant pour assurer la survie de l’entreprise."
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