Trésorerie en berne : la dégradation se poursuit
La situation financière des PME et TPE continue de se détériorer, prolongeant un mouvement lent amorcé depuis deux ans. Tous les soldes d’opinion relatifs à la trésorerie se replient, qu'ils concernent le passé récent, la situation actuelle, ou les perspectives à trois mois, se maintenant à un niveau nettement inférieur à la moyenne observée depuis la création du baromètre en 2018. Ainsi, 36 % des dirigeants déclarent une dégradation de leur trésorerie au cours des trois derniers mois. Parallèlement, l’accès au financement courant se tend, avec 22 % des dirigeants déclarant avoir rencontré des difficultés pour obtenir un crédit de trésorerie, une proportion en hausse qui dépasse sensiblement les niveaux habituels.
Le manque de demande, frein majeur à la croissance
Le principal obstacle à la croissance des TPE et PME demeure la faiblesse de la demande, qu'elle soit actuelle ou anticipée. Ce frein prend de l’ampleur ce trimestre, étant cité par 66 % des dirigeants, et atteint un pic inédit hors période Covid (le précédent sommet était de 64 % au T2 2025). En contraste avec cette contrainte économique majeure, les difficultés de recrutement continuent de reculer, ne concernant plus que 33 % des chefs d'entreprise, un niveau qui se rapproche des plus bas observés pendant la crise sanitaire.
92 % des PME et TPE impactées par l'incertitude politique
Le contexte d’incertitude politique en France pèse encore lourdement sur l'activité des PME et TPE. Plus de 9 dirigeants sur 10 redoutent un impact négatif sur leur entreprise. Parmi eux, 62 % anticipent un effet de forte ampleur, un niveau record qui dépasse les 61 % atteints en février 2025. Cette recrudescence des inquiétudes s’explique probablement par les discussions budgétaires toujours en cours et par conséquent le manque de visibilité en termes de politique économique et fiscale.
Investissement : l'attentisme se renforce pour ce dernier trimestre
Les intentions d'investissement des PME et TPE sont en net recul, avec seulement 39 % des dirigeants prévoyant d’investir cette année (contre 45 % au trimestre précédent), marquant la proportion la plus faible observée depuis la crise sanitaire. Face à l’incertitude politique, les dirigeants font preuve d’attentisme : 49 % des dirigeants concernés envisagent de reporter leurs investissements (en hausse de 6 points), tandis que seulement 29 % comptent les maintenir. Les investissements sont d'ailleurs majoritairement concentrés sur le renouvellement et la modernisation des équipements, au détriment des projets d’extension des capacités de production et d’innovation, ainsi qu’à motif environnemental.
Tensions sur les taux souverains : des conditions de financement attendues moins aisées
L'instabilité politique et le déficit public engendrent des tensions sur les taux souverains, l'écart moyen avec l'Allemagne ayant atteint environ 80 points de base depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024. Ces tensions entraînent des répercussions sur le financement des entreprises : 31 % des dirigeants anticipent un coût des crédits plus élevé, et 26 % prévoient un accès au crédit plus difficile. Il est toutefois essentiel de noter que ces conditions de financement ne sont qu'un facteur secondaire de remise en question des investissements, très loin derrière le manque de visibilité économique et l'évolution de la demande.
Une résilience qui dépasse le pessimisme ambiant
Malgré la morosité et les craintes exprimées, 34 % des dirigeants estiment que l’activité de leur entreprise se porte mieux que ne le suggère le climat politique et médiatique ambiant. D’ailleurs, au niveau macroéconomique, la croissance a surpris à la hausse au 3e trimestre 2025 et les dépenses effectives d’investissement des entreprises ont rebondi de +0,9 %. Cette divergence traduit une résilience de l’activité supérieure à ce que laisse percevoir le contexte d’incertitude.
Comment restaurer durablement la confiance des dirigeants ?
Des leviers peuvent être actionnés afin que les dirigeants de TPE et de PME retrouvent pleinement confiance dans leur activité. Le facteur le plus souvent invoqué par les dirigeants est la nécessité d'obtenir une meilleure visibilité sur les comptes publics (citée par plus des deux tiers). En lien direct avec les contraintes de demande, le retour de la confiance des ménages, qui impliquerait une consommation plus dynamique, est également jugé comme une condition essentielle par près de la moitié des répondants (47 %). Enfin, pour un peu plus du tiers (36 %), l'apaisement des tensions géopolitiques et commerciales serait déterminant, tandis que 28 % soulignent l'importance d'une meilleure visibilité sur l’évolution des normes et réglementations.