Acquérir la qualité de société à mission ou définir la raison d'être de son entreprise représentent un travail de réflexion et d'échange dans lequel le dirigeant peut perdre pied. Comprendre les écueils de la démarche s'avère nécessaire pour avancer sereinement.
Pour définir sa raison d'être ou devenir entreprise à mission, il y a 3 pièges à éviter
Se lancer sans conviction dans ce chantier
L’engouement médiatique autour de la raison d’être et des sociétés à mission renforce l’attrait de ces nouveaux objets juridiques aux yeux des dirigeants. Si cet effet de mode peut susciter des vocations, il ne doit pas se substituer à l’adhésion personnelle du chef d’entreprise vis-à-vis des enjeux soulevés par la Loi Pacte.
Au sein de sa PME ou de son ETI, le dirigeant, observé de tous, joue en effet un rôle moteur pour promouvoir et initier une démarche de transformation. La conviction du chef d’entreprise est alors déterminante pour lancer une dynamique à même d’emporter l’enthousiasme des collaborateurs et des actionnaires. Il lui revient donc de parrainer, voire de soutenir activement, tout le travail de l’entreprise pour définir sa raison d’être et/ou adopter sa qualité de société à mission.
Si le dirigeant ne croit pas au bien fondé de cette démarche, ou s’il laisse entendre qu’il se plie à l’exercice sous le poids de certaines contraintes, alors le projet sera vite perçu comme superflu ou anecdotique.
Avancer seul sans chercher l’adhésion de ses parties prenantes
Certains dirigeants peuvent se prendre de passion pour ces sujets, soudainement considérés comme essentiels pour la bonne conduite de l’entreprise. Guidés par leur enthousiasme et pressés de voir avancer les choses, ceux-là risquent de définir une raison d’être ou une mission à toute allure, embarquant au passage des parties prenantes encore indécises.
Or, si le dirigeant insuffle ce vent de changement, ce sont les équipes de l’entreprise qui doivent s’approprier ces projets pour les faire vivre dans la durée. Les collaborateurs et les actionnaires constituent ici d’indispensables relais pour animer les engagements collectifs au quotidien. La participation active de ces parties prenantes permet en outre de définir une raison
d’être ou une mission pouvant faire écho aux activités de tous.
Se contenter de raisons d’être et de missions floues pour ne s’engager à rien
Même convaincu par l’exercice, un chef d'entreprise peut formaliser une raison d’être floue ou une mission vague, tout en gardant les coudées franches. Cette logique voudrait que les entreprises aux engagements imprécis n’aient finalement de compte à rendre à personne. Or, l’affichage de bonnes intentions éloignées de la réalité n’engagera pas la société dans
une voie positive. Ces fausses promesses sont à même d’engendrer de grandes déceptions, avec à la clef, la diminution du crédit de l’entreprise. En effet, les accusations de communications mensongères risqueraient alors de fleurir.
Dans ce contexte, chaque entreprise doit cibler ses combats et borner ses responsabilités et engagements. Plus les raisons d’être et les missions seront claires et rigoureuses et plus les entreprises seront efficaces et crédibles. En résumé : la précision protège et le flou est source d’ennuis.
A propos de l'étude "Se doter d'une raison d'être et devenir une entreprise à mission".
La loi relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte, a consacré une innovation juridique en introduisant les notions de raison d’être et de société à mission dans le droit français. Cette évolution vient répondre à de nouvelles attentes vis-à-vis des entreprises. Elles apparaissent en effet comme des acteurs essentiels pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux.
Plus que de nouvelles contraintes, il faut voir cette évolution comme une opportunité. Tout d’abord, pour imprimer des engagements forts. Les entreprises n’ont pas attendu la loi pour mener des actions réelles et sincères en matière de lutte contre le dérèglement climatique ou pour contribuer activement au développement de leur territoire par exemple. Beaucoup de PME et d’ETI mènent de nombreuses actions en la matière. Devenir société à mission vient encore renforcer et promouvoir cette dynamique.
Ensuite, pour créer de nouveaux leviers de recrutement et de fidélisation. La demande de sens est de plus en plus forte parmi les collaborateurs et collaboratrices. La fidélisation des talents va de plus en plus passer par des ambitions extra-financières. Les PME et les ETI sont bien positionnées pour répondre à ces attentes, notamment grâce à leur ancrage local et à leur taille humaine. À l’extérieur, nombreuses sont les sociétés à mission à témoigner d’une hausse importante de candidatures. À l’heure où la marque employeur devient un enjeu stratégique, la loi Pacte offre de nouveaux instruments.
Enfin, pour ancrer une démarche d’amélioration continue. La raison d’être, et davantage encore la société à mission, peuvent aider à pérenniser une ambition d’innovation et de développement. En effet, se doter d’une mission inscrite dans les statuts est une manière d’afficher auprès de toutes ses parties prenantes une série d’objectifs, qui forment la boussole de l’entreprise. Par beau temps, elle donne l’impulsion nécessaire pour éviter de rester sur ses acquis. En période de tempête, elle permet de garder le cap.
Pour vous lancer dans une démarche concrète et par étapes , retrouvez nos deux fiches pratiques ci-dessous. Le guide complet est également accessible via le volet de téléchargement.