3 questions à Blandine Sebillotte
"Rompre l'isolement est une des missions fondatrices du CDJ"
Blandine Sebillotte, CJD Paris
Le Lab : Qu’est-ce que la solitude du dirigeant ? Comment l’analysez-vous ?
Blandine Sebillotte : “Au départ, la solitude est souvent posée par souhait de développement, elle est choisie. Elle est parfois aussi nécessaire pour permettre au dirigeant-entrepreneur de mieux prendre ses marques dans un contexte qui évolue et qu’il s’agit de maîtriser.
Seul dans son activité ou pour décider, l’incertitude du quotidien est contenue par la capacité du dirigeant à prendre du recul et à se replier pour être en mesure d’analyser et de traiter ses problèmes. Avec le temps et quelques échecs, la solitude peut engendrer des sentiments de découragement, voire de honte, et accentue un niveau de détresse parfois indicible.
La solitude se matérialise alors par un empilement de tâches non résolues, de contraintes de plus en plus difficiles à gérer. La capacité de repli devient alors une barrière : demander de l’aide, trouver un lieu d’échange est souvent synonyme d’échec complet. L’enfermement devient rapidement douleur et, dans le pire des scénarios, se traduit par des symptômes physiques de déprime persistante connus qui s’inscrivent dans la lignée des 3D (Dépression, Divorce, Dépôt de bilan, voire Décès…).
L’isolement du dirigeant doit donc être appréhendé dès ses prémices, dès lors que la prise de décision devient hésitante ou que le dirigeant « s’absente » de ses lieux ressources (son réseau, sa famille, son bureau…). Ces signaux faibles sont de véritables alertes. Ils doivent mettre en mouvement son entourage afin d’éviter une chute plus rude.”
Le Lab : Le CJD en quelques mots…
Blandine Sebillotte : “Le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), plus ancien mouvement patronal de France, indépendant et apolitique, a toujours eu pour vocation de mettre l’économie au service de l’homme.
De par son action, il œuvre à rapprocher les dirigeants-entrepreneurs et les collaborateurs. Il véhicule des notions de partage et de respect. Le réseau, formé par des sections sur l’ensemble du territoire, permet à tout membre de disposer d’une écoute attentive permanente, personnelle ou collective. Chaque section représente une présence locale avec des dirigeants partageant les mêmes valeurs et les mêmes enjeux. L’écoute y est forte. Le soutien, la responsabilité et la bienveillance y sont présents en permanence. Rompre l’isolement du dirigeant est l’une des missions fondatrices du CJD.”
Le Lab : En quoi le CJD permet de rompre cet isolement ?
Blandine Sebillotte : “Le CJD dispose de nombreux formats afin de réaliser ce travail :
- travail sur soi même : le dirigeant d’entreprise est amené régulièrement par ses réflexions à comprendre ses fragilités et ses atouts. Plusieurs séminaires de formation sont organisés par an sur des sujets aussi bien techniques que de management ou développement personnel ;
- rencontre avec les autres : chaque section dispose d’un responsable « Solidarité » qui assure le relais entre le membre qui serait en difficulté et son environnement. Il peut ainsi faire part, rebondir et accéder à un soutien sans faille, unique dans le cadre d’une association patronale. Ces dispositifs sont majeurs et chacun des jeunes dirigeants souhaitant s’investir est formé pour cela.
Par ailleurs, le CJD invente et propose régulièrement des formats adaptés aux besoins de ses membres en difficulté. La priorité est de faire en sorte de donner tous les atouts au dirigeant-entrepreneur qui traverse un moment éprouvant pour ne pas se couper du monde associatif. En effet, c’est à ce moment que cela prend encore plus de sens (mise en place de cotisations solidarité réduites, groupes d’aide à la décision avec des pairs, soutien individuel…).”
Blandine Sebillotte, CDJ Paris
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