Le nombre de créatrices d’entreprises n’a cessé d’augmenter ces dernières années, passant de 32% en 2010 à près de 40% aujourd'hui. Cependant, lorsque l'on se penche sur le monde des PME et des ETI, on constate que seulement 12% de leurs dirigeants sont des femmes (d’après notre étude publiée en décembre dernier), un chiffre bien loin des 40% de créatrices d'entreprises. Cette disparité soulève des questions et met en évidence la nécessité de ne pas se limiter à l'examen des statistiques liées à la création d'entreprise. Cependant, les femmes occupent des postes de direction dans une grande variété de secteurs d'activité, y compris ceux traditionnellement masculins tels que l'industrie et le BTP, bien que leur présence y soit moins marquée que celle des hommes.
Comment sont-elles devenues cheffes d’entreprise ?
Pour comprendre comment les femmes accèdent à la direction d'entreprise, il est essentiel de noter que, contrairement à leurs homologues masculins qui privilégient souvent la reprise externe (1/5), les femmes ont tendance à se tourner vers la reprise familiale. En effet, une femme sur trois accède à la fonction de dirigeante en reprenant l'entreprise familiale. Cette différence majeure dans les voies d'accès à la direction d'entreprise souligne la diversité des parcours professionnels des dirigeantes de PME et ETI. Il est également important de noter que l'âge avancé de nombreux dirigeants de PME pose la question des reprises externes, une voie d'accès à laquelle les femmes n'ont pas encore pleinement accès, mais qui pourrait devenir leur prochain enjeu de positionnement selon Didier Chabaud, Directeur chaire ETI entrepreneuriat territoire innovation et professeur à l’IAE Paris-Sorbonne.
Les enjeux auxquels font face les dirigeantes de PME-ETI :
L'accès au financement demeure l'un des défis majeurs pour les dirigeantes de PME. Toutefois, il est intéressant de noter que les difficultés de financement ne sont pas liées au genre, mais plutôt à la taille et à l'âge de l'entreprise, à l'ancienneté des dirigeants, ainsi qu'à la voie d'accès à la direction de l'entreprise (création, reprise familiale ou reprise externe). La capacité à mobiliser des ressources financières reste cruciale pour la croissance et le développement des PME dirigées par des femmes.
En plus des défis liés au financement, les dirigeantes doivent également faire face au poids du genre et à des discriminations dans les interactions professionnelles selon Kenza El Qaoumi, Responsable d’études à Bpifrance Le Lab. Cependant, elles trouvent souvent la force dans leur capacité à partager le capital et le pouvoir dans la gouvernance de l'entreprise, ainsi que dans leur réseau professionnel féminin. Les PME et ETI sont devenus des terrains économiques où les dirigeantes ont pu remodeler les normes et défier certains préjugés. La reprise d'entreprises familiales ou externes leur a permis d'accéder à des secteurs traditionnellement masculins, démontrant leur motivation et leur engagement envers la croissance.
Les défis à surmonter :
Bien que certaines dirigeantes de PME aient réussi à briser le plafond de verre et dirigent des entreprises de plus de 10 personnes ou des ETI, ces cas restent relativement rares. Cependant, les évolutions socio-économiques sont susceptibles de pousser de plus en plus de femmes à la tête de PME et d'ETI. En particulier, le vieillissement des dirigeants actuels de PME pose la question des reprises externes, une voie d'accès à laquelle les femmes devront s'engager activement pour élargir leur présence et leur impact dans le monde de la direction d'entreprise.
En fin de compte, les dirigeantes de PME et ETI font preuve de résilience, d'ambition et d'innovation dans un environnement professionnel encore largement masculin. Elles ont su s'entourer de compétences complémentaires et ont construit des réseaux solides pour soutenir leur croissance (par exemple avec le réseau FCE France). Cependant, les défis persistent, notamment en ce qui concerne les stéréotypes de genre et les inégalités de répartition du travail domestique. Pour que la diversité devienne une réalité dans le monde des dirigeants d'entreprise, il est essentiel de continuer à encourager et à soutenir les femmes dans leur quête de leadership dans les PME et les ETI.