82 % des dirigeants déclarent souffrir d’au moins un trouble physique ou psychologique.
Ce chiffre est en hausse de +11 points en un an, et de +23 points depuis 2021.Le constat est sans appel : la santé globale des chefs d’entreprise se détériore fortement.
Si 85 % des répondants s’estiment en bonne santé physique, ce chiffre est en recul (90 % en 2024), tandis que les troubles du sommeil (48 %, +11 pts), les douleurs articulaires (+7 pts) et les maux de dos (52 %, +5 pts) deviennent omniprésents. Le mal-être s’installe plus particulièrement dans certains secteurs comme l’agriculture (91 %) ou le social/santé (88 %).
Seulement 68 % des dirigeants se considèrent en bonne santé mentale
Contre 76 à 80 % les années précédentes. Ce recul de 8 points révèle un tournant préoccupant.
La situation varie selon :
- le secteur : 39 % des dirigeants des services à la personne sont en mauvaise forme mentale contre 25 % dans l’industrie.
- la détention du capital : ceux qui possèdent 100 % du capital sont les plus vulnérables (37 % en mauvaise santé mentale).
- l’ancienneté de l’entreprise : plus l’entreprise est ancienne, plus la santé psychologique du dirigeant se dégrade (35 % en mauvaise santé après 15-20 ans de gestion, contre 17 % pour les entreprises de moins de 3 ans).
1 dirigeant sur 3 renonce à se soigner
Principalement par faute de temps (68 %) ou pour privilégier leur activité (34 %). 11 % ne consultent jamais de médecin, un taux qui monte à 18 % dans l’hôtellerie-restauration.
Ce renoncement, stable depuis plusieurs années, peut à la fois être cause et conséquence de la dégradation du bien-être. Il révèle surtout un tabou : celui de l’épuisement entrepreneurial rarement exprimé.
1 dirigeant sur 4 est confronté au risque d’addiction
Le focus 2025 du baromètre explore pour la première fois la question des consommations à risque (alcool, tabac, drogues, médicaments). Résultat : 23 % des dirigeants présentent un comportement à risque, notamment :
- consommation d’alcool > 8 verres/semaine,
- tabagisme quotidien,
- usage régulier de stupéfiants ou de médicaments anxiolytiques.
1 dirigeant sur 4 dit avoir souffert d’une addiction dans sa vie, mais 60 % ne se sont jamais fait aider. Seuls 8 % de ceux ayant une consommation à risque estiment qu’elle nuit à leur travail.
Malgré ces constats alarmants, certains signaux ouvrent des pistes d’espoir :
- Les créateurs d’entreprise affichent une meilleure santé mentale, portés par l’élan du projet.
- Les dirigeants industriels semblent plus résilients.
- Et la consommation d’anxiolytiques reste marginale (5 %), bien en-deçà de la moyenne nationale (21 %).
Ce baromètre est un outil clé pour éclairer les actions à venir : prévention, accompagnement, écoute. La santé du dirigeant est un actif stratégique, hors bilan mais non négligeable.
« Quand le patrimoine et les revenus reposent sur une seule personne, le poids devient colossal. Il est temps de remettre la santé des dirigeants au cœur du débat entrepreneurial. »
Élise Tissier, directrice de Bpifrance Le Lab
Le baromètre est disponible sur le site de la Fondation MMA pour les Entrepreneurs du Futur : L'étude sur la santé du dirigeant d'entreprise 2025