Les messages-clés de l'étude
Première idée-clé : Les PME et ETI agroalimentaires sous haute tension
Les vins et spiritueux sont l’arbre qui cache la forêt. Exportatrice nette avec un solde commercial avoisinant en moyenne 7,5 Md€, la France perd du terrain sur tous les autres fronts de l’industrie agroalimentaire, notamment sous les coups de boutoir de la concurrence allemande et espagnole. Les IAA sont sous haute tension et nécessitent une certaine vigilance : marges réduites, très forte volatilité des cours des matières premières, rapport de force trop déséquilibré face à la grande distribution, guerre des prix, révoltes régulières de l’amont agricole, etc. Une situation qui précarise les industriels agroalimentaires au premier rang desquels les PME et les ETI des IAA, dont les marges étroites limitent la capacité à investir, à innover et à s’internationaliser
Deuxième idée-clé : Comment sortir de cette impasse stratégique?
Les réponses varient selon les profils stratégiques (voir chapitre 1). Les fabricants de marques de distributeurs (MDD) cherchent à devenir incontournables grâce à une offre complète en termes de variété et de hauteur de gamme. Les leaders de spécialité font valoir leur particularité à travers des signes officiels de reconnaissance, et les marques indépendantes sont à la pointe de l’innovation. Toutes :
- adoptent une posture de partenaire auprès des distributeurs ;
- développent une écoute attentive du client ;
- rationalisent leurs outils de production, font des investissements productifs, modulent leur positionnement pour capter la croissance et les marges ;
- sécurisent leurs approvisionnements pour amortir les chocs liés aux fluctuations du cours des matières premières ;
- apprennent à produire en grande série, en petite, en moyenne, de façon saisonnière à la demande des distributeurs ou pour capter l’attention des consommateurs ;
- innovent en permanence pour se différencier et ne pas sombrer dans «l’océan rouge» de la stricte concurrence par les coûts.
Les IAA font partie des industries innovantes, elles excellent d’ailleurs dans l’innovation non technologique (marketing, organisationnelle…)(1). Quelles sont les entreprises qui s’en sortent ? Celles qui activent le mieux ces différents leviers. Être innovant ne suffit pas, il faut en plus être souple et compétitif. Les dirigeants des IAA doivent être stratèges et gestionnaires à la fois.
(1) Ministère de l’Agriculture, « Panorama des Industries Agroalimentaires », édition 2014.
Troisième idée-clé : L’international est un enjeu-clé
La marque France est un solide atout pour l’export de produits alimentaires, de même que, l’Allemagne constitue une marque forte pour l’automobile et les industries de pointe. Les promesses de croissance et de rentabilité se situent en dehors de nos frontières. Les industriels sont trop timides par rapport à cet axe de développement. Il faut prendre garde toutefois à éviter les clichés et à ne pas être trop dogmatique sur ce sujet de l’international. Tous les acteurs, tous les secteurs ne sont pas éligibles à l’export. Ensuite, le haut de gamme n’est pas nécessairement le seul positionnement pertinent pour conquérir les marchés extérieurs (2). Enfin, il y a de nombreux obstacles à franchir : l’adaptation gustative des produits, la connaissance des circuits de distribution locaux et des normes locales. Et il y a des investissements lourds à la clé. L’international reste, néanmoins, un axe majeur de développement pour un grand nombre de PME et ETI des IAA.
(2) Fabrique de l’Industrie / Saf Agr’idées, «De nouveaux modèles de croissance pour les industries agroalimentaires françaises?», juin 2015
Quatrième idée-clé : Une consolidation inévitable sous pression de la concurrence
Experts ou dirigeants, ils sont nombreux à avoir mentionné la taille comme facteur limitatif pour investir, pour innover, pour se projeter à l’international. C’est également par la consolidation du secteur des IAA, orchestrée par des groupes industriels fortement capitalisés et/ou accompagnés d’investisseurs, que de nouveaux pôles compétitifs vont émerger. Les IAA forment un terreau a priori propice pour de la consolidation sectorielle (3). Quelques acteurs se sont engagés dans cette voie, à l’instar de Poult ou encore de Charles & Alice.
(3) Bpifrance Le Lab, «Acquérir pour bondir», septembre 2015.
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