62 % des dirigeants de PME et ETI industrielles rencontrent des difficultés régulières de recrutement
Les tensions de recrutement dans l’industrie se sont multipliées par six depuis 2015. 62 % des dirigeants de PME et ETI industrielles ayant répondu à notre enquête disent y être confrontés régulièrement. Le nombre d'emplois industriels est pourtant relativement stable : il varie entre 3 150 et 3 350 depuis 2011. Pour 64 % des dirigeants concernés, les difficultés sont structurelles et antérieures à la Covid-19.
Certaines filières telles que les mines et métallurgie pâtissent d'une image vieillissante et d'un nombre élevé de départs à la retraite. Les dirigeants de cette filières sont 67 % à rencontrer des difficultés de recrutement régulières. Pour la filière chimie et matériaux ou encore santé, il s'agit davantage d'un manque de profils pointus tels que des ingénieurs spécialisés. Pour ces deux dernières, les difficultés de recrutement sont davantage ponctuelles (pour respectivement 39 % et 46 % des dirigeants concernés).
ÉVOLUTION DES TENSIONS SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
PAR GRANDS DOMAINES PROFESSIONNELS DEPUIS 2011
Source : Dares, service statistique du Ministère du travail
Pour 49 % des dirigeants de PME et ETI industrielles, la perception négative de l'industrie est à l'origine des difficultés de recrutement.
Selon 49 % des chefs d'entreprise interrogés, les difficultés proviennent d’une perception négative de l’industrie en France et d’un manque de filières de formations industrielles. Les jeunes expliquent cette mauvaise image par les conditions de travail peu attrayantes (60 % d'entre eux, source : Arts et Métiers, Les lycéens et l’industrie. Étude auprès de lycéens en série scientifique et technologique, Vague 10 - Mars 2023). Le second motif invoqué par les jeunes est le caractère polluant de l'industrie.
En moyenne, les PME et ETI interrogées comptent 6 % de collaborateurs étrangers dans leurs effectifs
Les filières industrielles font face à des tensions de recrutement proches de celles du BTP mais recourent moins aux collaborateurs étrangers. Elles comptent 6 % de collaborateurs étrangers dans leurs effectifs, contre 13 % dans la construction. Cela place le secteur en avant-dernière position, à peine au-dessus de l’administration publique, par ailleurs fermée aux ressortissants de pays non membres de l’Union européenne pour certains emplois.
La filière Transformation et valorisation de déchets affiche le taux le plus haut parmi les filières industrielles (10,4 %) quant la filière électronique se place en dernière position avec 4 % de collaborateurs étrangers dans les effectifs.
Un dirigeant sur deux a recruté un collaborateur étranger au cours des cinq dernières années
La moitié (49 %) des entreprises répondantes ont recruté des collaborateurs étrangers au cours des cinq dernières années. C’est davantage le fait d’entreprises de taille intermédiaire (94 % des ETI de plus de 1 000 salariés, 77 % des ETI de 250 à 999 salariés) que des grandes PME (69 % des PME de 50 à 249 salariés), alors qu’elles rencontrent des difficultés de recrutement comparables.
Concernant l'immigration professionnelle, les chefs d'entreprise sont partagés. Il se répartissent à part quasi-égales entre ceux qui considèrent qu’il faudrait plus d’immigration professionnelle (32 %), ceux considèrent qu’il n’en faudrait pas plus (30 %), et ceux qui ne savent pas (38 %). Les raisons invoqués par les dirigeants pour plus d'immigration professionnelle sont "pourvoir des postes boudés par les collaborateurs nationaux" (73 %) et pallier les manques courants de compétences standards (64 %).
A la question "comptez-vous recruter des collaborateurs étrangers dans les cinq prochaines années", 29 % des dirigeants répondent par l'affirmative alors que 54 % disent ne pas savoir.
Les chefs d'entreprises industrielles recrutent des collaborateurs étrangers davantage par opportunisme (62 %) et par contrainte (43 %) que par choix (9 %) ou volonté (8 %)
Une majorité de dirigeants se montrent en effet pragmatiques. 61 % des dirigeants n’ont pas recruté de collaborateurs étrangers car leurs besoins étaient couverts par des collaborateurs français.
Pour ceux ayant recruté un collaborateur étrangers, les trois premiers freins à cette démarche sont :
- La difficulté à déterminer la bonne procédure à suivre (cité par 30 % des entreprises concernées)
- L'absence de visibilité sur le délai d'instruction de l'administration (29 %)
- L'aléa sur la décision finale octroyée par l'administration (22 %)
34 % déclarent n'avoir rencontré aucun frein.
On compte en moyenne une à deux nationalités étrangères dans les équipes
Seule une extrême minorité de PME et ETI industrielles (3 %) compte plus de 5 nationalités étrangères dans leurs équipes.
60 % des dirigeants considèrent l’intégration des collaborateurs étrangers « facile »
Parmi les 35 % des entreprises qui formalisent des processus d’intégration des nouveaux arrivants (français ou étrangers), seuls 7 % ont mis en place des dispositifs spécifiques pour les collaborateurs étrangers.
La barrière de la langue est citée par 62 % des dirigeants comme étant le principal frein au recrutement de collaborateurs étrangers
Les difficultés administratives (53 %) et dans une moindre mesure les barrières culturelles (30 %) sont les autres principaux freins cités par les dirigeants de PME et ETI industrielles.