L’étude « Les collaborateurs étrangers dans les PME et ETI industrielles françaises » se base sur une enquête menée auprès de 2 454 dirigeant(e)s de PME et ETI de plus de 10 salariés.
62 % des dirigeants de PME-ETI industrielles déclarent rencontrer des difficultés régulières de recrutement
Les tensions de recrutement dans l’industrie se sont multipliées par six depuis 2015. 62 % des dirigeants de PME et ETI industrielles ayant répondu à notre enquête disent y être confrontés régulièrement. Le nombre d'emplois industriels est pourtant relativement stable : il varie entre 3 150 et 3 350 depuis 2011.
ÉVOLUTION DES TENSIONS SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
PAR GRANDS DOMAINES PROFESSIONNELS DEPUIS 2011
Source : Dares, service statistique du Ministère du travail
Selon 49 % des interrogés, ces difficultés proviennent d’une perception négative de l’industrie en France et d’un manque de filières de formations industrielles.
Selon 49 % des chefs d'entreprise interrogés, les difficultés proviennent d’une perception négative de l’industrie en France et d’un manque de formations adaptées aux filières industrielles. Les jeunes expliquent la mauvaise image de l’industrie par les conditions de travail peu attrayantes (60 % d'entre eux)1. Le second motif invoqué par les jeunes est le caractère polluant de l'industrie. Les jeunes sont peu nombreux (29%) à penser que les médias donnent une mauvaise image de l’industrie. En revanche, 60% considèrent que cette mauvaise opinion s’explique par des conditions de travail peu attrayantes et par le caractère polluant de l’activité.
En moyenne, les PME et ETI interrogées comptent 6 % de collaborateurs étrangers dans leurs effectifs.
Les filières industrielles font face à des tensions de recrutement proches de celles du BTP mais recourent moins aux collaborateurs étrangers. Elles comptent 6 % de collaborateurs étrangers dans leurs effectifs, contre 13 % dans la construction. Cela place le secteur en avant-dernière position, à peine au-dessus de l’administration publique, par ailleurs fermée aux ressortissants de pays non-membres de l’Union européenne pour certains emplois.
La filière Transformation et valorisation de déchets affiche le taux le plus haut parmi les filières industrielles (10,4 %) tandis que la filière électronique se place en dernière position avec 4 % de collaborateurs étrangers dans les effectifs.
Un dirigeant sur deux a recruté un collaborateur étranger au cours des cinq dernières années.
La moitié (49 %) des entreprises répondantes ont recruté des collaborateurs étrangers au cours des cinq dernières années. C’est davantage le fait d’entreprises de taille intermédiaire (94 % des ETI de plus de 1 000 salariés, 77 % des ETI de 250 à 999 salariés) que des grandes PME (69 % des PME de 50 à 249 salariés), alors qu’elles rencontrent des difficultés de recrutement comparables.
Concernant l'immigration professionnelle, les chefs d'entreprise sont partagés. Il se répartissent à part quasi-égales entre ceux qui considèrent qu’il faudrait plus d’immigration professionnelle (32 %), ceux considèrent qu’il n’en faudrait pas plus (30 %), et ceux qui ne savent pas (38 %). Les raisons invoquées par les dirigeants favorables à plus d'immigration professionnelle sont :
- « Pourvoir des postes boudés par les collaborateurs nationaux » (73 %)
- « Pallier les manques courants de compétences standards » (64 %)
A la question "comptez-vous recruter des collaborateurs étrangers dans les cinq prochaines années", 29 % des dirigeants répondent par l'affirmative alors que 54 % disent ne pas savoir.
Les chefs d'entreprises industrielles recrutent des collaborateurs étrangers davantage par opportunisme (62 %) et par contrainte (43 %) que par choix (9 %) ou volonté (8 %).
Une majorité de dirigeants se montrent en effet pragmatiques. 61 % des dirigeants n’ont pas recruté de collaborateurs étrangers car leurs besoins étaient couverts par des collaborateurs français.
Pour ceux ayant recruté un collaborateur étranger, les trois premiers freins à cette démarche sont administratifs :
- La difficulté à déterminer la bonne procédure à suivre (cité par 30 % des entreprises concernées)
- L'absence de visibilité sur le délai d'instruction de l'administration (29 %)
- L'aléa sur la décision finale octroyée par l'administration (22 %)
- 34 % déclarent n'avoir rencontré aucun frein.
On compte en moyenne une à deux nationalités étrangères dans les équipes.
Seule une extrême minorité de PME et ETI industrielles (3 %) compte plus de 5 nationalités étrangères dans leurs équipes.
60 % des dirigeants considèrent l’intégration des collaborateurs étrangers « facile ».
Parmi les 35 % des entreprises qui formalisent des processus d’intégration des nouveaux arrivants (français ou étrangers), seuls 7 % ont mis en place des dispositifs spécifiques pour les collaborateurs étrangers.
Pour 62 % des dirigeants le maîtrise de la langue est primordiale.
En effet, la barrière de la langue est le premier frein au recrutement de personnes de nationalité étrangère selon les chefs d’entreprises industrielles (cité par 62 % d’entre eux). Les difficultés administratives (53 %) et dans une moindre mesure les barrières culturelles (30 %) sont les autres principaux freins cités par les dirigeants de PME et ETI industrielles.
1 ) Arts et Métiers, Les lycéens et l’industrie. Étude auprès de lycéens en série scientifique et technologique, Vague 10, mars 2023.