Un déclic personnel, une réponse collective
« Je suis senior et j’ai créé mon entreprise par choix et passion à 57 ans. » Derrière cette déclaration assumée, Frédérique Jeske raconte un parcours emblématique de ce que vivent beaucoup d’actifs expérimentés. Après 32 ans de carrière salariée et un refus de poste explicitement motivé par son âge, elle décide de transformer ce choc en action. Naît alors SENIOR FOR GOOD, une association citoyenne et un think tank dédié à la valorisation des seniors dans le monde du travail. « J’ai aussi voulu prendre la parole sur ce sujet et aider les expérimentés en difficultés. », explique-t-elle.
Une réalité plurielle de l’entrepreneuriat senior
Forte de son expérience à la tête de Réseau Entreprendre, Frédérique accompagne aujourd’hui d’autres seniors sur la voie de l’entrepreneuriat. Et son constat est sans appel : tous ne partent pas avec les mêmes chances ni les mêmes ressorts. D’un côté, les porteurs de projets motivés, structurés, connectés à l’écosystème. « Certains, comme moi, réalisent un rêve ancien et se préparent sérieusement. Ils maîtrisent les codes de l’écosystème entrepreneurial. » De l’autre, des entrepreneurs par obligation. « La discrimination à l’embauche est redoutable et à la fin de l’indemnisation, l’entrepreneuriat semble être la seule option »
Une réalité qu’elle qualifie de taboue, mais bien présente : « L’entrepreneuriat contraint des seniors est pourtant une réalité, que j’observe sur le terrain chaque jour. ». Elle alerte : sans accompagnement adapté, le risque d’échec ou d’isolement est réel.
Redonner de la valeur à l’expérience
Pour Frédérique Jeske, le statut d’indépendant peut redonner une place à ceux qu’on ne veut plus recruter. Mais encore faut-il en avoir les moyens : entreprendre demande un projet solide, de la motivation… et du capital de départ. Elle regrette que les dispositifs d’accompagnement actuels soient trop souvent calibrés pour des profils plus jeunes ou standardisés : « Les accompagnements existants ne me semblent pas toujours adaptés aux profils expérimentés. »
Une ambition : transformer le regard
À travers USKOA, sa société de conseil, et SENIOR FOR GOOD, sa communauté, Frédérique Jeske milite pour que l’on regarde autrement les transitions de carrière après 50 ans. « Il y a un vivier d’entrepreneurs chez les seniors, à condition de ne pas demander à tous de le devenir et de les mettre en conscience de la réalité de l’entrepreneuriat et de son insécurité. » Son engagement, aujourd’hui, est clair : donner aux seniors les clés pour entreprendre si tel est leur souhait, et rappeler que l’expérience est une valeur économique, pas un stigmate.
Pour en savoir plus sur les perspectives et les défis de l'entrepreneuriat des seniors, consultez notre étude complète qui comprend l’interview de Frédérique Jeske intitulée « Entrepreneurs seniors : Il n’y a pas d’âge pour entreprendre ! ». Cette étude approfondit les enjeux et déconstruit les préjugés sur l’entrepreneuriat senior.