Le 13 juillet 1965, les femmes obtenaient enfin le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari. Soixante ans plus tard, qu’en est-il réellement de leur indépendance financière ? C’est à cette question que répond l’enquête réalisée en partenariat avec La France Mutualiste, mutuelle d’épargne du groupe Malakoff Humanis.
Basée sur une étude quantitative de l’IFOP auprès de 2 500 Français, cette recherche offre un éclairage précieux sur la manière dont l’argent redéfinit aujourd’hui les rapports sociaux, familiaux et professionnels.
L’argent, un levier d’émancipation féminine
L’indépendance financière s’impose désormais comme une dimension essentielle de l’autonomie des femmes. Pour un Français sur deux, disposer de ses propres ressources est désormais considéré comme une condition majeure de l’équilibre personnel des femmes, un chiffre qui a doublé en moins de 40 ans, abandonnant derrière lui les enfants et la famille (27%).
Mais cette autonomie reste fragile. Les femmes l’associent d’abord à l’absence de dépendance vis-à-vis d’un conjoint ou de proches (48 %, +12 pts vs les hommes), tandis que les hommes y voient davantage la capacité à générer des revenus suffisants pour bien vivre (48 %, +10 pts vs les femmes). Ces écarts de perception soulignent des réalités contrastées, encore marquées par les inégalités salariales, les carrières discontinues et la charge mentale familiale.
L’éducation financière : un apprentissage trop souvent informel
Malgré la complexité croissante des enjeux financiers (crédit, épargne, investissement) l’éducation financière largement négligée par les politiques publiques. Pour 72 % des Français, l’apprentissage de la gestion de l’argent se fait seule. Chez les femmes, cette carence se traduit par une moins bonne compréhension des produits financiers, notamment en matière d’investissement.
Cette connaissance reste souvent partielle, notamment sur l’investissement. Si la grande majorité se sent à l’aise avec la gestion d’un budget (87%), seuls 51% estiment bien connaître les principes de l’investissement financier, avec un écart marqué entre les femmes (44%) et les hommes (57%).
Alors même que les besoins d’accompagnement se font sentir, les banques et institutions financières peinent encore à se montrer à la hauteur : seuls 5% des Français estiment qu’elles répondent pleinement à leurs attentes.
Une inclusion financière encore trop inégale
L’étude met en lumière des écarts marqués entre les genres en matière d’épargne. Moins nombreuses que les hommes à souscrire une assurance-vie ou un PEA, les femmes déclarent être plus souvent freinées par un manque de moyens. En cause : des écarts de salaire persistants (14 % à poste équivalent) et un accès limité à des dispositifs d’accompagnement sur-mesure.
Au-delà des chiffres, ce sont deux logiques d’investissement qui s’opposent : d’un côté, les femmes privilégient les placements sûrs et accessibles, comme les livrets réglementés ; de l’autre, les hommes recherchent en priorité le rendement et les avantages fiscaux. Ces approches différenciées témoignent d’un rapport contrasté au risque.
Vers une nouvelle ère de l’épargne inclusive ?
« Cette étude doit être un outil de sensibilisation à l’épargne et l’investissement », affirme Adeline Lemaire, Directrice exécutive Fonds de fonds de Bpifrance. Face aux besoins spécifiques exprimés, l’enjeu n’est plus seulement de proposer des solutions adaptées, mais d’accompagner chaque parcours de vie, avec des outils pédagogiques, des conseils personnalisés, et une meilleure prise en compte de la diversité des situations.
L’étude appelle ainsi à une refonte profonde de la relation entre institutions financières et citoyennes, pour faire de l’indépendance économique des femmes un pilier de leur liberté.