Le capital-risque (en anglais « venture capital », ou « VC ») est un mécanisme de financement par lequel un ou plusieurs investisseurs prennent une participation, généralement minoritaire, au capital de jeunes sociétés innovantes et non cotées. L'objectif de l'investisseur est de participer financièrement au développement d'entreprises innovantes à fort potentiel de croissance, et de réaliser une plus-value substantielle lors de la cession de ses titres.
Une démarche ambitieuse d’évaluation de l’impact de Bpifrance
Depuis sa création, Bpifrance a poursuivi et intensifié sa politique de soutien public au capital-risque. En 2013, le marché de capital-risque français était encore relativement peu développé : les montants levés par les start-ups françaises s’élevaient à 1 milliard d’euros, contre 8,3 milliards 10 ans plus tard. Sur la même période, les montants injectés par Bpifrance et ses fonds dits « partenaires » (souscrits dans le cadre de son activité de fonds de fonds) dans les start-ups ont été multipliés par 6.
C’est dans ce contexte que Bpifrance Le Lab a mené un exercice inédit d’évaluation de 10 années d'action publique. Cette étude évalue la contribution des investissements de Bpifrance au financement des startups françaises, et plus largement l’impact économique de Bpifrance sur le marché du capital-risque français.
L’étude repose sur un ensemble de données extrêmement riches, complété par des enquêtes qualitatives auprès d’un échantillon de souscripteurs et de gérants de fonds.
Retrouvez plus de détails sur la méthode et les données mobilisées dans le rapport complet.
L’écosystème de capital-risque français s’est fortement développé
Les montants levés par les start-ups françaises ont été multipliés par 9 sur la dernière décennie
Sous l’effet de la politique de soutien public de Bpifrance, le marché de capital-risque français s’est nettement développé au cours de la dernière décennie. Les montants levés par les start-ups françaises ont été multipliés par près de 9 entre 2013 et 2023 pour atteindre 8,3 milliards d’euros.
Par ailleurs, les montants levés en 10 ans par les start-ups françaises ont cru plus rapidement que les montants injectés directement ou indirectement par Bpifrance dans l’écosystème, si bien que le poids de Bpifrance sur le marché a globalement baissé sur la dernière décennie pour atteindre entre 4 et 7 % des fonds levés à l’échelle du marché.
Les performances des fonds se sont significativement améliorées
Les performances économiques des fonds de capital-risque français souscrits par Bpifrance, ont, quant à elles, connu une nette amélioration au cours des dernières années. Cette progression est visible au niveau des multiples de sortie, qui mesurent la plus-value réalisée par un fonds de son entrée au capital d’une start-up à la cession de ses titres.
Les multiples de sortie se sont améliorés, passant de 1,3 pour les fonds souscrits par Bpifrance entre 2005 et 2008, à 2,5 pour ceux souscrits en 2013 et 2016, illustrant la montée en qualité des projets de startups et la professionnalisation des acteurs de l’écosystème.
Bpifrance joue un rôle structurant sur l'écosystème du capital-risque français
Bpifrance a agi en profondeur auprès des startups et de leur écosystème de financement
Entre 2013 et 2023, Bpifrance a investi directement 4,6 Md€ dans 500 start-ups françaises et souscrit 5,9 Md€ dans près de 180 fonds privés de capital-risque français (fonds « partenaires »). Cette stratégie vise à constituer une chaîne de financement qui réponde aux besoins des start-ups à chacune de leurs phases de vies, des premiers pas sur le marché (phase « d’amorçage »), aux phases de « scale-up ».
L’action de Bpifrance a eu un effet structurant sur l’industrie du capital-risque, puisque deux tiers des fonds français de capital-risque ayant levé auprès d’acteurs professionnels ont levé des fonds auprès de Bpifrance.
De même, le soutien de Bpifrance bénéficie à une très large majorité de start-ups : 80 % des start-ups françaises ayant levé des fonds ont ainsi été soutenues par Bpifrance l’année de la levée ou en amont, par le biais de ses divers instruments de soutien (aide à l’innovation, investissement direct, fonds de fonds).
L'action de Bpifrance a un effet de levier puissant sur l'offre privée de financement
78 % des fonds partenaires interrogés indiquent que les investissements de Bpifrance ont eu un impact positif sur le processus de levée des fonds et contribué à entraîner d’autres souscripteurs privés.
« Lorsque Bpifrance rentre assez tôt dans un fonds, au premier closing par exemple, cela donne un momentum très positif au fonds, en particulier pour les first time funds. »
Un gérant de fonds d'un fonds de pension ou souverain international
Le soutien de Bpifrance s’est ainsi traduit par une augmentation continue de la taille moyenne des fonds souscrits sur l’ensemble des segments de marché – du capital d’amorçage au capital croissance, en passant par le capital-risque. Une large majorité de gérants de fonds et de souscripteurs interrogés valident d’ailleurs l’apport bénéfique de Bpifrance pour atteindre cet objectif.
Le soutien de Bpifrance contribue activement à l'effervescence des start-ups investies
Les start-ups investies par les fonds directs et partenaires de Bpifrance ont des trajectoires de croissance très fortes : leur chiffre d’affaires est en moyenne triplé et leur effectif doublé au cours des cinq années suivant la levée de fonds.
Les start-ups soutenues par Bpifrance ont par ailleurs des performances similaires à celles des start-ups financées exclusivement par des acteurs privés.
Les fonds investis par Bpifrance participent activement à l’effort d’innovation et de recherche des jeunes entreprises. Les startups investies directement ou non par Bpifrance représentent 28 % des demandes de brevets de l’ensemble des PME, et 19 % des crédits d’impôt recherche (CIR) qui leur sont attribués.
L'écosystème de capital-risque français dispose encore de marges de progression
L’écosystème français reste moins développé que les marchés anglo-saxons, bien qu’il se soit fortement renforcé ces dix dernières années. À titre d’exemple, les montants levés par les start-ups américaines et britanniques représentaient 0,6 % du PIB en 2023, contre 0,3 % en France.
L’enquête auprès des gérants de fonds révèle que la base des souscripteurs est encore insuffisamment diversifiée et internationalisée, et que le marché français manque d’institutionnels privés capables d’investir de gros tickets dans les fonds de capital-risque.
Méthodologie de l'étude
Cette étude a été réalisée par Bpifrance et supervisée par un comité de pilotage indépendant, associant notamment des chercheurs universitaires et des économistes, spécialistes du financement des entreprises et des méthodes d’évaluation de politiques publiques.
L’étude s’appuie sur un jeu de données extrêmement riches, recoupant 25 années de données d’activité des fonds directs et partenaires de Bpifrance, des données de marché (Dealroom, Pitchbook) ainsi que des données de la statistique publique (INSEE, DGFIP, INPI), mises à disposition via le Centre d’Accès Sécurisé aux Données (CASD) dans le cadre de ce projet de recherche. Ces données s’arrêtent à 2023 pour l’analyse de l’activité de Bpifrance (dernière année de disponibilité des données de l’activité des fonds partenaires), et à 2021 pour l’analyse des caractéristiques et des performances des entreprises investies par Bpifrance (dernière année de disponibilité des données de l’INSEE lors de la conduite des travaux). Elles ont permis de décrire très finement les fonds de capital-risque et les startups investis par Bpifrance, d’analyser leur positionnement au sein de l’écosystème français et de décrire leurs performances économiques.
Les analyses ont été complétées par des enquêtes qualitatives auprès d’un échantillon de souscripteurs et de gérants de fonds, toutes deux anonymisées et administrées en 2023 via des tiers externes (respectivement Roland Berger et Opinion Way), afin d’avoir leur perception des impacts de l’action de Bpifrance en fonds de fonds.